Photo : S. Zoheir Par Youcef Salami Les pays consommateurs cherchent-ils à mettre en place une organisation de substitution à l'OPEP ? Cette question pourrait être posée, dans le sillage de la proposition émise hier, au cours de la réunion du G8 de l'Energie à Rome, par le groupe pétrolier italien Eni concernant la création d'une agence internationale du pétrole afin de stabiliser les prix du brut et rémunérer les pays producteurs lorsque les cours baissent trop. La proposition a été annoncée par son directeur général Paolo Scaroni. Le patron de la multinationale italienne explique que l'agence en question regrouperait les pays consommateurs et producteurs, une «espèce d'organisme superviseur du secteur». Selon la proposition d'Eni, cette agence gérerait un «fonds de stabilisation» qui assurerait un niveau minimum de revenus pour les pays producteurs «lorsque les prix descendent trop», a encore dit Scaroni, cité par des agences de presse. Une telle agence pourrait également coordonner la gestion des stocks pétroliers et des capacités de production prêtes à l'emploi en cas de hausse subite de la demande, à un niveau mondial, souligne Eni. M. Scaroni, qui a reconnu que cette idée était «très ambitieuse», a assuré qu'elle avait «suscité de l'intérêt» chez les ministres du G8 tout comme dans les pays membres de l'OPEP, auxquels il l'avait déjà présentée en mars. La volatilité des prix du pétrole crée un énorme climat d'incertitude pour le secteur pétrolier et tous les autres secteurs énergétiques au niveau des programmes d'investissements, «ce qui prépare la prochaine hausse des prix», a jugé M. Scaroni. Passés d'un record absolu de 147,50 dollars en juillet à 32,40 dollars en décembre, les cours du pétrole se sont graduellement raffermis depuis le début de l'année et évoluent actuellement autour de soixante dollars. Les membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole se réuniront jeudi en conférence extraordinaire à Vienne, et il est fort possible qu'ils maintiennent inchangés les quotas de production de l'organisation. Unanimes, les ministres de l'Energie du G8 ont appelé depuis Rome à la stabilité des prix du pétrole. Ils ont jugé que la montée continuelle des prix pourrait freiner le redressement de l'économie mondiale. Et selon le ministre américain de l'Energie, Steven Chu, «l'augmentation des prix devrait retarder le redressement économique». A partir de décembre 2008, les prix du pétrole ont failli doubler. Ils pourraient atteindre 75 dollars», d'après les estimations d'Ali Al Naimi, ministre du Pétrole d'Arabie saoudite, l'un des plus grands producteurs de pétrole du monde. En dépit de leurs inquiétudes sur la montée des prix, les ministres de l'Energie du G8 ont annoncé qu'un prix situé à un bas niveau ne sera pas favorable à l'investissement et au développement durable de ce secteur, rejoignant ainsi l'avis de l'OPEP qui estime qu'un baril à soixante-dix dollars est raisonnable.