De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Fermée depuis deux ans pour cause de réfection et d'inventaire, la bibliothèque municipale de Constantine a rouvert ses portes il y a presque deux mois. La métamorphose ne semble pas toucher les étagères en quête de renouveau et d'actualités en matière d'ouvrage. Il était 15 heures lorsque nous avons tenté de la visiter mardi dernier. Seul un sexagénaire occupait une place parmi les 80 chaises réservées aux lecteurs, et consultait un ouvrage. Nous avons tenté en vain de tirer des appréciations sur la vraie attraction de ce lieu public qui a ouvert ses portes à la naissance de la mairie il y a plus de cent ans. Ainsi de prime abord devrions-nous dire que l'accueil «rebuffade» des responsables qui s'occupent de la bibliothèque située au 2ème palier de la mairie illustre on ne peut mieux le degrés d'incitation à la lecture publique, dans une ville qui se bat pour le titre majestueux de la culture. De plus, que dire d'une bibliothèque dont le standard demeure «out of order» (hors service) depuis plus de 2 ans. Voilà au moins deux raisons et non des moindres qui laissent sous-entendre que cette structure semble constituer la dernière roue de la charrette des «responsables du secteur». Par conséquent, faire méditer sa «mentalité» de fonctionnement par d'autres municipalités serait un échec garanti pour les élus des autres communes. La lecture publique à Constantine est renvoyée aux calendes grecques dans la mesure où aucun indice ne vient étayer «la hargne» de lire. Pourtant, dès son intronisation à la magistrature suprême du pays, le chef de l'Etat avait insisté sur le «verbe», comme nous le signale aussi bien Mme Ali Khodja, présidente de l'Association des spécialistes de l'information des bibliothécaires et des archives de la wilaya de Constantine et fondatrice du Centre d'information et de documentation au niveau de l'APW (2002-2007). «Nous sommes un peuple qui lit, dira-t-elle, la naissance de la lecture prendra naissance au niveau des bibliothèques scolaires. Cela étant, l'Etat doit jouer pleinement son rôle pour propulser la lecture à un degré supérieur.» Dès lors, des campagnes de soutien à la lecture s'imposent. Si, sous d'autres cieux, la thématique sur la lecture publique appelle des séminaires, Constantine, en revanche, recadre le volet du symposium dans des contextes liés à la commande de «l'agenda», voire de l'exception. Personne n'est en mesure de nous avancer des statistiques fiables ni sur le nombre actuel des ouvrages disponibles ni sur le nombre des «visiteurs» qui fréquentent cette bibliothèque. Cependant, un flash-back à l'année 1998 fait ressortir un recensement de 17 726 titres en français et de 8 824 titres en arabe au niveau de la bibliothèque municipale. Depuis ces statistiques ont enregistré assez de changement en nombre mais pas en qualité, nous signale une source proche de la commune qui ajoute : «Malheureusement les personnes chargées de ce lieu de lecture ne sont pas à la hauteur en dépit de leur diplôme en main. Rien de concret ne se fait sur la gestion et sur le mode moderne.» Par ailleurs, le chargé de la communication de l'APC estime qu'«il est grand temps de mettre des ouvrages d'actualité à la disposition des lecteurs dans le but d'inciter à la lecture. Comme il importe de procéder à l'affichage des nouvelles parutions et acquisitions». Notre interlocuteur relève, par contre, la problématique des choix des titres : «Il faudrait que cette structure se mette au diapason afin qu'elle attire autant de lecteurs.» Concernant le budget alloué, on ne saura rien devant l'absence du directeur de la DACS, responsable des activités culturelles et sportives. Ainsi, se basant sur quelques sources, on apprend que «l'approvisionnement» en livres avant la fermeture des lieux se faisait selon un budget n'excédant pas les 40 millions de centimes, la somme était écoulée sans étude préalable sur le manque des ouvrages. Un choix de documentation maigre, estime-t-on, qui fait de cette «Byblos», plus un espace de regroupement des étudiants et lycéens pour parachever leurs révisions de fin d'année qu'un lieu de lecture au sens propre du mot. En somme, faudrait-il accorder encore du temps à la nouvelle Assemblée populaire pour se frayer un bon chemin livresque et relancer une lecture publique conséquente qui ne semble jamais démarrer…