De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche En déambulant à travers les ruelles de l'ancienne ville de Bouira, le regard du visiteur est tout de suite attiré par les nombreuses bâtisses datant de l'époque coloniale. Certaines sont délabrées tandis que d'autres tiennent encore. Parmi celles-ci, citons le siège de l'APC, l'ex-église qui abrite actuellement l'Institut régional de la formation musicale, le siège de la gare ferroviaire…. il y a aussi des cafés, mais ils ont subi des transformations qui les ont défigurés. Ces lieux continuent de témoigner du passé de la ville de Bouira et suscitent des discussions entre les citoyens de différentes générations. Certains regrettent, évidemment, que leur cité soit transformée en une ville sans repères et défigurée sur le plan urbanistique, ce qui avait amené, d'ailleurs, plusieurs responsables à la qualifier «de grand village». Certains monuments comme le fort turc de Draa El Bordj ont, certes, bénéficié d'opérations de restauration en vue de leur classement et de leur inscription sur la liste du patrimoine national. Mais au même moment, d'autres bâtisses, qui sont dans un état de dégradation avancée, sont démolies ou en voie de l'être dans le cadre du programme de la requalification urbaine de la ville de Bouira. Pour éviter que cette modernisation du tissu urbain ne se fasse au détriment du patrimoine, l'association histoire et archéologie de Bouira a organisé la semaine dernière, en collaboration avec la direction de l'éducation, le centenaire du collège d'enseignement général (CEG) Ibn Khaldoun, situé au centre de la ville. Cet établissement d'enseignement a été ouvert, selon les organisateurs, en 1909. Les vieux citoyens de la ville se souviennent encore que leurs parents fréquentaient, durant l'occupation, les bancs de cette école. Cette dernière, affectée pour «les indigènes», quelques années après la création de la municipalité de Bouira, a été aménagée dans l'église construite par les colons et l'armée d'occupation. Cette école fut le seul établissement d'enseignement de toute la région avant l'indépendance. Après 1962, elle a eu plusieurs appellations, selon les groupes d'élèves qui y étaient scolarisés. De nombreux habitants de Bouira se souviennent encore d'avoir étudié dans ses baraques jusqu'au début des années 1970. A cette époque, l'inspection académique d'alors avait procédé à l'extension de l'école et à la démolition des baraques pour créer un établissement d'enseignement moyen en construisant dix classes au profit des élèves issus des écoles primaires de la région. La célébration du centenaire a permis aux visiteurs de redécouvrir les photos de leur enfance et celles de leurs camarades et professeurs durant les années 1950 et 1960. Ils ont eu aussi un aperçu historique de cette école qui a vu passer sur ses bancs plusieurs cadres et personnalités scientifiques tels M. Abrous, chercheur à la NASA aux Etats-Unis, le chirurgien Aït Benamara de la clinique des Orangers, l'économiste Hocine Benissad, le dermatologue Amar Khodja, le cardiologue Abdenabi et plusieurs promotions de médecins, architectes, professeurs, juristes et cadres de l'Etat. Plusieurs anciens élèves de cet établissement sont venus apporter leurs témoignages et raconter des anecdotes. Tout cela a été agrémenté d'un gala artistique animé par d'anciens élèves de cet établissement. Après cette commémoration, les responsables de l'association ont exprimé leur espoir de voir la bâtisse classée monument historique. Un vœu pieu pour l'heure…