De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Le centre-ville de Bouira, qui a connu une extension tentaculaire ces dernières années, apparaît aujourd'hui en parfaite «disharmonie» avec les constructions périphériques et «enlaidit» le visage de la ville, comme en témoignent ces «favelas» d'un autre âge, où les commodités les plus élémentaires de la vie sont inexistantes, s'indignent des Bouiris. Après plusieurs années, il subsiste encore plusieurs habitations classées dans le registre de l'ancien bâti pour lequel les autorités locales hésitent à prendre une décision de démolition ou de réhabilitation en dépit du fait qu'elles représentent une partie du patrimoine culturel de la ville, datant notamment de la période coloniale. L'ancienne ville de Bouira ainsi que d'autres localités de la wilaya, connues pour la vétusté de leur tissu urbain, sont partiellement constituées de constructions datant de la période coloniale. Alors que d'autres bâtisses étaient réservées spécialement aux colons, des quartiers indigènes furent réalisés afin de concentrer les populations dans le but d'amoindrir et d'affaiblir des moudjahidine qui étaient alors en pleine guerre de libération. A l'indépendance, tous ces quartiers ont été investis par des populations issues en majorité des zones rurales et des régions limitrophes, ce qui créa un conglomérat d'habitations occupées par des citoyens de différents horizons et classes sociales. L'extension urbaine réalisée par la suite à travers les programmes et projets décidés par les pouvoirs publics a donné lieu à un développement anarchique de l'urbanisation de la ville de Bouira. Cette situation a imposé ces dernières années un vrai débat au sein des collectivités locales et des services de la wilaya qui, tout en voulant améliorer le cadre de vie des citoyens, se sont fixé l'objectif de mettre fin aux habitations précaires et autres bidonvilles qui enlaidissent l'environnement et le tissu urbain, compte tenu du fait que ces habitations, presque à l'état de ruine, constituent un danger pour la vie de leurs occupants. En effet, un plan de réaménagement de la vieille ville de Bouira où des taudis menaçant ruine côtoient les nouvelles constructions, est depuis quelque temps au centre des débats entre autorités locales, responsables en charge de l'urbanisme et société civile. Selon un dernier rapport établi par les autorités locales, près de 320 familles de Bouira habitent sous des toits menacés de détérioration. «Le problème tarde à être pris en charge», admettent les responsables de l'urbanisme et de la construction (DUC) ; «très peu d'intérêt» a été accordé à ce dossier par les citoyens qui y résident, en dépit des garanties données par les pouvoirs publics, notamment dans son volet relatif à l'amélioration du cadre de vie des citoyens. Les urbanistes et paysagistes prônent la restructuration et l'aménagement partiel de cette zone d'habitations, avec la contribution conjointe des habitants des haouchs et des propriétaires de locaux commerciaux, à travers un montage financier tenant compte des droits et devoirs de l'ensemble des partenaires. Le début de la prise en charge de ce tissu de vieux bâti remonte aux années 1980, quand les autorités publiques avaient décidé d'y injecter des projets de logements en remplacement de constructions démolies. Cette opération fut cependant abandonnée définitivement après que ces actions de rénovation eurent été confiées aux propriétaires des haouchs, suite à l'apparition d'une multitude de problèmes complexes liés notamment à la nature juridique de la propriété de ces sites qui se trouvent être, dans leur majorité, des biens communs, au moment où des locataires refusèrent carrément de quitter les lieux, faute de logements alternatifs, indique-t-on. Pour leur part, les propriétaires approchés estiment que c'est à l'Etat que «revient la charge» d'assurer le logement aux locataires délogés de ces habitations, avant de procéder à la destruction de ce vieux bâti, à condition toutefois d'acquérir les assiettes foncières chez les propriétaires eux-mêmes. Par ailleurs, ils assurent dans leur majorité qu'ils ne peuvent en aucun cas se charger des opérations de rénovation par leurs propres moyens.