La Banque d'Angleterre et le gendarme des marchés financiers (Financial Services Authority, FSA) ont soumis le secteur financier à des tests, en octobre 2008, au moment où l'Etat est venu au secours des banques britanniques. En février, la FSA a étendu les tests aux établissements de crédit souhaitant bénéficier du programme de garantie sur les actifs risqués mis en place par le gouvernement. Royal Bank of Scotland et la Lloyds ont choisi de rejoindre ce plan. C'est, donc, surtout pour Barclays, qui n'a pas suivi leur exemple, qu'il est intéressant de décortiquer la méthodologie des tests. Le fait de communiquer sur les hypothèses qui sous-tendent les modèles de simulation devrait en soi susciter la confiance. De fait, ces modèles sont robustes à plus d'un titre. Aller jusqu'à envisager une dégringolade de 50% des prix immobiliers, une contraction du produit intérieur brut (PIB) de 6% et un taux de chômage de 12%, c'est mettre la barre plus haut que ses homologues américains.Les hypothèses concernant l'immobilier semblent particulièrement pessimistes. Comme le fait remarquer Credit Suisse, l'indice des prix de l'immobilier britannique établi par Halifax a déjà perdu 22% de sa valeur. Il faudrait qu'il baisse encore de 35% pour que le scénario noir de la FSA se réalise. L'hypothèse d'une perte de valeur de 60% sur l'immobilier professionnel est aussi une hypothèse forte au regard des perspectives du marché.Certains pourront trouver, cependant, que, dans leur ensemble, les paramètres de simulation retenus par la FSA ne sont pas si extrêmes que cela. Des analystes travaillent sur des hypothèses de contraction du PIB qui peuvent aller jusqu'à 10%. Par ailleurs, lorsqu'on sait que le taux de chômage flirte déjà avec les 7%, on ne trouve plus le taux de 12% retenu par la FSA aussi pessimiste. Ainsi, si le banc d'essai des banques s'avère plus strict au Royaume-Uni qu'aux Etats-Unis, il n'est pas pour autant très draconien. Il y a un point sur lequel les Britanniques le cèdent aux Américains. La FSA déclare que les banques ont dû démontrer que leur ratio de solvabilité était au moins égal à 4%, mais elle a aussi précisé que le calcul de ce ratio tiendrait compte des mesures prévues dans d'éventuels plans d'urgence, reconnaissant ainsi indirectement que les banques ne satisfont pas au critère pour le moment. Cela pourrait aussi vouloir dire que la banque Barclays se sent maintenant mieux disposée à accueillir ceux qui ont manifesté récemment leur intérêt pour sa société de gestion d'actifs Barclays Global Investors, laquelle vaudrait 10 milliards de dollars.In le Monde (Christopher Hughes)