La flambée des cours du pétrole à 147 dollars durant l'été 2008 semble nourrir une psychose, qui est alimentée par les perspectives de reprise économique en 2010, alors que nombre d'investissements pétroliers ont été gelés en 2009. Ainsi, les consommateurs craignent une nouvelle flambée des cours en 2010 alimentée par une embellie de leurs économies; une crainte qui n'a d'ailleurs pas été altérée par les prévisions de la Banque mondiale laquelle table sur un prix moyen de 63 dollars le baril en 2010. Aussi, dans de nombreux pays consommateurs on s'évertue d'ores et déjà à mettre les pratiques spéculatives dans le viseur. Ainsi, après les USA, c'est en France que le débat commence à s'imposer. Dans ce sens, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a souligné la nécessité de mieux maîtriser le marché des matières premières et des instruments financiers qui en sont dérivés. "Je voulais mentionner la question de la nécessité d'un meilleur contrôle et d'une meilleure régulation des matières premières, en particulier du pétrole et des instruments financiers dont ils forment la base", a déclaré hier Christine Lagarde, en marge des réunions du Groupe des Sept, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. "Je ne veux pas sortir de la crise financière pour redémarrer le phénomène de la spéculation sur les instruments financiers fondés sur les matières premières, notamment le pétrole... Je pense que c'est un risque qui pourrait affecter la reprise potentielle", a-t-elle ajouté. Pour rappel, les autorités de régulation des Etats-Unis et de Grande-Bretagne ont décidé l'été dernier de renforcer leur coopération. Ce renforcement de la coopération entre la FSA et la CFTC intervient sur fond de pressions internationales grandissantes en faveur d'une régulation plus stricte du marché pétrolier. Les pays consommateurs et producteurs de pétrole soupçonnent la spéculation de provoquer de fortes fluctuations des cours du brut, qui déséquilibrent l'ensemble de leurs économies, et d'avoir alimenté la flambée des prix l'an dernier, lorsqu'ils s'étaient envolés jusqu'à près de 150 dollars le baril. Ainsi, le gendarme britannique des marchés, la FSA, et son homologue américaine chargée de contrôler les marchés de matières premières, la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), vont renforcer leur coopération en matière de surveillance transfrontalière des marchés pétroliers. Notons que Londres et New York abritent les deux principaux marchés mondiaux pour la cotation des produits pétroliers, l'ICE et le Nymex. Selon un communiqué de la Financial Services Authority (FSA), les deux autorités de supervision vont étendre leur accord d'échange d'informations conclu en 2006. Cet accord porte sur les contrats financiers dits "transfrontaliers", comme les contrats à terme échangés à Londres mais portant sur du pétrole américain (et inversement, les contrats sur le Brent échangés sur le marché new-yorkais des matières premières, le Nymex). Samira G.