Dans des déclarations rapportées par El Khabar, dans son édition d'hier, un haut responsable français, présenté comme étant proche du président Sarkozy, a pris des raccourcis pour le moins surprenants, pour clore le dossier de la repentance nécessaire à l'assainissement du passif colonial et à l'établissement de relations privilégiées entre l'Algérie et la France. Le haut responsable français, qui a gardé l'anonymat, estime que la demande algérienne de repentance de la France pour les 132 ans de colonisation est chimérique. Mieux encore, celui-ci déclare que si la repentance s'impose, elle doit se faire par les deux parties, avant de trancher le débat en affirmant que la condamnation par Sarkozy du colonialisme dans son discours de Constantine est tout ce que peut faire la France pour l'Algérie. Car, estime ce responsable, si la France demande pardon pour les 132 ans de colonialisme, elle renierait tout un pan de son histoire. Les raccourcis de l'Histoire qu'emprunte ce haut responsable français ne se limitent pas à cela. Il déclare, toute honte bue, que la différence entre l'Italie et la Libye, c'est que l'Algérie était française. Si l'Algérie était française, pourquoi a-t-elle cessé de l'être ? Le responsable français se perd encore en conjectures, tant les raccourcis qu'il a empruntés sont sinueux, lorsqu'il avance que l'Algérie était, avant 1830, sous domination ottomane. Ou le responsable français ignore l'Histoire ou bien il raconte des histoires ! L'ambassadeur de France à Alger, Duval, était-il accrédité auprès de la Porte sublime ou auprès du Dey d'Alger ? La dette que la France refusait de payer a été contractée auprès d'Alger ou de la Porte sublime ? Les différents accords et conventions ont-ils été signés par différents pays avec Alger ou avec la Porte sublime ? Manifestement, son ex-excellence, tourne le dos à l'histoire et refuse d'admettre que la France a occupé un Etat souverain qui s'est défait de la tutelle ottomane au moins un siècle plus tôt. Son ex-excellence refuse d'admettre que la France a brisé l'élan d'une nation naissante pour satisfaire ses appétits expansionnistes. Le responsable français veut se donner bonne conscience en affirmant que son pays avait occupé un espace laissé en jachère par l'Homme malade et agonisant qu'était l'empire ottoman. A propos de la Turquie, l'illustre responsable français se contente d'affirmer de façon arbitraire qu'il n'y a aucune commune mesure entre les exigence que formule la France à l'attention de la Turquie qui doit faire acte de repentance à l'égard des Arméniens massacrés par l'armée ottomane en 1919 et les exigences de l'Algérie vis-à-vis de la France pour les crimes coloniaux et toute la période coloniale. Le responsable français se contente de dire que les deux cas sont différents. Au nom de quelle logique, de quelle loi tel massacre nécessite-t-il une repentance et pas tel autre ? La réponse est simple : c'est au nom de l'arrogance de la France officielle et des lobbies nostalgiques de l'Algérie française. Les relents de cette nostalgie latente et manifeste sont dans la réponse même de ce responsable qui reconnaît le droit de la légitime défense à son concitoyen agressé chez lui et refuse ce droit à tout un peuple qui n'a jamais invité personne (à l'exception des armées des frères Barberousse) et qui a été agressé par une armée d'occupation coloniale. Ce diplomate se permet avec une légèreté déconcertante de mettre sur le même pied d'égalité les massacres et les assassinats d'un Etat commis contre un peuple désarmé et les actions d'un mouvement de libération nationale contre des colons armés, partie prenante dans le processus d'occupation, d'acculturation et d'aliénation de toute une nation. Le même responsable ose dire que des Algériens occupent des villas dans les villes algériennes qui ne leur appartiennent pas et qui appartiendraient à des colons français dépossédés. Un peu d'humilité et de bon sens aurait servi la France plus que son arrogance. Il revient alors à l'Algérie de tirer les enseignements de cette irresponsabilité institutionnelle de l'Etat français. A. G.