Sur les milliers de candidats inscrits sur les listes des épreuves du BEM qui ont débuté hier matin, les 100 candidats détenus du centre pénitentiaire d'El Harrach étaient, sans conteste, les plus motivés de tous. 95 hommes et 5 femmes sur les 3 800 détenus que compte la prison d'El Harrach ont été regroupés dans des salles du centre aménagées en classes pour passer un examen ô combien important pour eux. Un examen capital pour tous ceux qui sont pressés de quitter les geôles, autant que le sont toutes les autres épreuves qui permettent de décrocher des diplômes et par là même d'alléger les peines d'emprisonnement, dont le bac ou diplômes de stage. Le nombre d'inscrits à ces programmes de formation ne cesse d'augmenter d'année en année. Alors qu'ils n'étaient que 154 détenus inscrits en 2001 et 522 en 2005, ils sont, cette année, 1 620 prisonniers d'El Harrach sur les listes des programmes du centre, dont 100 pour l'examen du BEM, 102 pour celui du bac. Quels que soient leur âge et leurs crimes, s'ils ont atteint le niveau de la quatrième année moyenne durant leur cursus scolaire, ils ouvrent droit à une inscription en candidat libre pour passer les épreuves du BEM. Une fois fait, ils bénéficient de plusieurs mois de préparation dans le cadre du programme de réinsertion que propose le centre avec son équipe d'enseignants présents toute l'année. Et pour cause, obtenir son BEM, son bac ou l'un des quelconques diplômes de stage qu'ils peuvent effectuer au centre leur permet tout simplement de bénéficier d'une grâce importante qui peut être de 26 mois pour chaque diplôme décroché. La grâce, voilà donc le mot clé qui revient sur les lèvres de presque tous les prisonniers rencontrés sur place et qui explique toute la motivation de ces jeunes et moins jeunes. Parmi eux, Saïd, 22 ans, rencontré à la sortie de la salle après avoir passé l'épreuve d'arabe. Il confie s'être préparé très sérieusement et reste confiant pour la suite. «Le sujet était abordable et il faut dire que je me suis préparé très sérieusement pour alléger ma peine ; il me reste 7 années à purger», dira-t-il sur un ton triste voilé par un sourire forcé. A côté de lui, A. B. est encore plus motivé. Il a 49 ans et a trouvé la force de reprendre ses études 32 ans après avoir pris son dernier cours. Il est en prison depuis 4 ans et il lui en reste 16 à passer. Son objectif : avoir son BEM, son bac et faire plusieurs stages pour alléger sa peine. Dans la même classe, Saïda, la trentaine consommée, explique détester les études mais «je me force, dit-elle, pour sortir au plus vite et retrouver mes enfants». Il lui reste 8 ans à purger. A chacun son histoire et son parcours, l'expression des visages et les tempéraments diffèrent d'un détenu à un autre mais tous partagent la même motivation indéfectible : réussir cette épreuve qui les rapprochent de leur vie interrompue, de la liberté. Il est à noter que quelque 3 370 détenus participent aux examens de BEM au niveau de 33 établissements pénitentiaires agréés comme centres d'examen officiels. F. B.