Photo : Riad Par Farah Bachir-Cherif Le coup d'envoi des épreuves du baccalauréat dans l'établissement de rééducation d'El Harrach a été donné hier par M. Mokhtar Felioune, directeur général de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion. Ils sont 1 860, dont 44 candidates, détenus à travers tout le territoire national à entamer les épreuves du baccalauréat pour la session 2009-2010. Les 102 candidats détenus du centre pénitentiaire d'El Harrach étaient plus motivés que certains candidats qui passaient leurs épreuves en dehors des murs de la prison. Le plus âgé des candidats est né en 1953 et le plus jeune est une fille, âgée de 20 ans. Les candidats sont répartis sur 33 établissements pénitentiaires accrédités en tant que centres d'examen officiels, a indiqué le directeur de la recherche et de la réinsertion à la direction générale de l'administration pénitentiaire, M. Fayçal Bourbala. 94 hommes et 8 femmes sur près de 4 000 détenus que compte la prison d'El Harrach ont été regroupés dans des salles du centre aménagées en classes. M. Bourbala a indiqué que le nombre de candidats au baccalauréat dans les établissements pénitentiaires avait augmenté par rapport à celui de l'année dernière qui était de 1 300. Les candidats du centre de réinsertion d'El Harrach sont répartis entre la filière lettres et sciences humaines, qui en compte 96, et celle des sciences naturelles et de la vie (6). Il est à noter que parmi ces candidats, 9 le passait en tant qu'externes, car ils ont déjà purgé leurs peines. Ils se sont présentés hier pour la première épreuve, celle de littérature arabe. Par ailleurs, le directeur du centre, M. Abdelkader Khebaba, a relevé l'absence de 8 candidats, 6 pour la filière lettres et sciences humaines et 2 pour celle des sciences naturelles et de la vie. Pour les prisonniers d'El Harrach, obtenir le bac ou réussir à un autre examen est d'une importance capitale. Ils peuvent bénéficier d'une grâce qui peut aller jusqu'à 24 mois pour chaque diplôme décroché. Le mot «grâce» était sur toutes les lèvres. Amine, 40 ans, était souriant, agréable, facilement abordable. On a du mal à croire que c'est un récidiviste. Repris de justice, il a été incarcéré la première fois pour appartenance à un groupe terroriste et la deuxième fois pour vol. Son histoire, il la raconte comme s'il s'agissait d'une fatalité. Le regard triste mais déterminé, il se confie : «C'est la 4ème fois que je passe mon baccalauréat ; l'année dernière, je l'ai obtenu avec un 11,35, et cette année je me suis préparé encore plus sérieusement. Il me reste 6 années à purger. Le sujet était abordable et il n'y avait pas de questions pièges.» Kahina, 36 ans, est condamnée à perpétuité. Son parcours est étonnant : elle passe pour la 5ème fois le baccalauréat. Elle a obtenu les 4 précédents avec une bonne moyenne (11,75 ; 10,20 ; 11,98 et 10,96). Elle possède même un diplôme de l'UFC qui lui permettra de bénéficier d'une petite remise de peine. Elle sait pourtant qu'elle est condamnée à perpétuité mais son acharnement est exemplaire aux yeux des autres détenus. Il y a aussi cette jeune fille au visage angélique qui n'ose pas lever les yeux, car très timide. Elle est âgée de 20 ans. «Le sujet était abordable, pas trop de difficultés pour ceux qui ont bien révisé. L'année dernière, je l'ai obtenu avec une moyenne de 12,32 avec le nouveau programme. Cette année, c'est l'ancien programme qui a été donné ; je le passe en tant que détenue pour pouvoir alléger ma peine», a-t-elle déclaré. L'expression des visages diffère d'un détenu à l'autre mais tous partagent la même motivation et le même objectif : réussir cette épreuve qui pourrait un jour leur redonner la liberté. A propos du déroulement de l'examen qu'il supervise personnellement avec la collaboration de 6 membres du secrétariat, M. Khebaba a relevé que les épreuves se déroulent dans de «bonnes conditions». Le taux de réussite au baccalauréat dans les établissements pénitentiaires augmente chaque année. 455 détenus ont décroché le baccalauréat en 2007 contre 481 en 2008 et 531 en 2009.