Photo : Riad Par Ali Boukhlef Le Rassemblement pour la culture et la démocratie traverse une nouvelle zone de turbulences. A deux jours de la tenue d'une session de son conseil national, le RCD connaît une nouvelle crise interne avec le départ de plusieurs responsables. Dans une contribution envoyée dimanche dernier à la presse, Djamel Ferdjallah, ancien premier vice-président et député de Béjaïa, a parlé d'une «imminente purge qui se met en place avec force calomnies et mensonges à base de rumeurs contre deux à cinq éminents cadres dirigeants». L'information a été confirmée, hier matin, par l'ancien vice-président du parti qui avance même l'idée d'une initiative politique concertée avec d'anciens cadres exclus ou démissionnaires et d'actuels responsables du parti, sans citer de noms. Mais parmi les personnalités ciblées par «la machine à broyer les militants», pour reprendre l'expression de Ferdjallah, se trouvent deux hauts responsables : les député de Béjaïa, Tarik Mira et celui de Bouira, Ali Brahimi. Le premier a été suspendu des structures du parti «en attendant que la commission des conflits statue sur son cas», selon Rabah Boucetta, secrétaire national à l'organique, tandis que le second a été averti, selon toujours le responsable du parti. «Tarik Mira a choisi d'être sous la coupe de Djamel Ferdjallah, c'est son problème», a tenu à préciser Rabah Boucetta qui insiste sur «des dérives à répétition» du député de Béjaïa. Contactés, les deux hommes ont refusé, pour le moment, de s'exprimer sur le sujet. «Je parlerai au moment opportun», a répondu Tarik Mira à une question de la Tribune, tandis que Ali Brahimi, qui était hier après-midi en réunion dans sa wilaya, a indiqué que «s'agissant de problèmes internes au RCD, il vaut mieux s'adresser soit au président du parti, soit à ses adjoints directs». Cependant, des correspondances échangées entre le député de Bouira et la direction du parti, dont nous détenons des copies, confirment le malaise au sommet de ce parti. «Je pense […] que nous avons parasité notre position par un mot d'ordre confus et difficile à comprendre et expliquer. Il s'agit du mot d'ordre ‘‘gel des activités officielles du RCD''. Je le considère personnellement comme une erreur», a écrit, en effet, Ali Brahimi au président du parti, Saïd Sadi, dans une correspondance datée de 13 avril dernier, soit à quatre jours de l'élection présidentielle. Et c'est du bilan de cette élection qu'il s'agit puisque le parlementaire a également mis en cause le placement d'un drapeau noir à la place de l'emblème national. Plus qu'une désapprobation, Brahimi demande la levée de mesure puisque, argumente-t-il, «même dans le parti, il n'est pas prouvé que cette initiative de drapeau noir ait fait l'unanimité au sein de la majorité des militants». Dans la même missive, le député fait des propositions au président de son parti. Quelques jours auparavant, et dans une autre correspondance à Saïd Sadi, Ali Brahimi demande à être déchargé de ses fonctions de secrétaire national à la formation. «Considérant malhonnête, sinon hypocrite, de ne pas vous motiver ma présente, je vous dirai qu'il m'est difficile de poursuivre ma mission de secrétaire national sans connaître sa totalité ni les prérogatives qu elle implique comme j'ai eu à le signaler lors d'une réunion du secrétariat national en automne dernier», a-t-il écrit dans un document daté du 15 mars dernier. L'homme ne figure plus sur la liste des secrétaires nationaux du parti, mais la réaction de la direction n'a pas tardé. Dans une note «disciplinaire» signée par le secrétaire national chargé de l'organique, Rabah Boucetta, il est fait mention à Ali Brahimi que le bureau de Bouira ne devait associer le responsable à des activités officielles. «Ce rappel écrit, venant après des interpellations verbales restées vaines, je vous informe qu'en attendant de voir l'évolution de votre comportement et conduite dans le collectif militant, le bureau régional de Bouira a été informé de ne pas vous associer aux activités du parti, activités dont vous avez demandé à être préservé et que, si vous persistez dans les mêmes attitudes, les dispositions statutaires vous seront appliquées comme elles l'ont été par le passé pour d'autres individus», indique le document interne au parti. Le même document reproche à Ali Brahimi des activités communes avec un autre député, Tarik Mira. Ce dernier, s'il n'a pas encore confirmé sa situation, a publié, samedi dernier, une contribution dans un quotidien national où il dénonce «les pratiques contraires aux idées que prétendent défendre les partis qui se réclament du courant démocratique». M. Mira reproche aux «partis démocrates» de faire exactement «le contraire de ce qu'ils défendent». En tout état de cause, Djamel Ferdjallah parle d'une initiative, sans pour autant en dessiner les contours. «Le débat est toujours en cours», a-t-il indiqué.