Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Le patrimoine forestier national est en péril. Estimé à 4,1 millions d'hectares de forêts, de maquis et de broussailles, soit un taux de boisement de 11%, en ne considérant que la partie nord du pays, cette couverture forestière continue de subir des dégradations à n'en plus finir. En raison de sa composition floristique en espèces très combustibles, de son exposition au climat chaud et sec en été, et de l'activité de plus en plus croissante des populations riveraines, ce patrimoine, comprenant d'extraordinaires ressources naturelles, est ravagé chaque année par des feux de forêt qui laissent derrière eux ruines et désolation. Rien que durant ces dix dernières années, 284 085 hectares ont brûlé dans notre pays. Soit une moyenne de 28 000 hectares par an, nous a-t-on expliqué, hier, à la Direction générale des forêts (DGF) lors de la réunion de la commission nationale de la protection des forêts, présidée par Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Si 50 à 55% de cette superficie connaît une reprise végétale, il n'en demeure pas moins que plus de 7 000 hectares de forêt sont perdus chaque année. Une perte dramatique aux conséquences terribles sur l'environnement. Conscients des risques et des dangers de cette situation, les pouvoirs publics ont décidé de se mobiliser pour sauver les forêts de la destruction. «Nous accordons beaucoup d'importance à la protection des forêts et des ressources naturelles. Nous sommes conscients que cette année la situation est propice aux incendies. C'est pour cela que nous avons mis en œuvre plusieurs programmes pour la protection de ce patrimoine», a confié, hier, Rachid Benaïssa. Ainsi, à en croire le ministre, dans le cadre de la politique du renouveau agricole, un programme de reboisement et un autre pour la protection des bassins versants seront prochainement mis en œuvre. Même le programme de lutte contre la désertification sera «actualisé» avant la fin de l'année. Pour l'exécution de ces programmes, 60 milliards de dinars seront accordés annuellement par les pouvoirs publics, a encore fait savoir Rachid Benaïssa. Concernant la campagne de prévention et de lutte contre les feux de forêt pour cette année 2009, les responsables de la DGF ont certifié, hier, que ces «préparatifs ont bien avancé dans les 40 wilayas concernées». Dressant le bilan de l'année dernière, les responsables de la DGF ont indiqué qu'il a été enregistré 2 378 foyers, lesquels ont parcouru une superficie totale de 26 015 ha dont 10 578 de forêts. La palme du plus grand nombre de foyers revient à la wilaya d'El Tarf. Mais c'est la wilaya de Béjaïa qui a été la plus affectée par les feux de forêts avec 2 798 hectares. Le risque d'éclosion de foyers d'incendie a été présent durant toutes les semaines et 83 % du nombre total de foyers se sont déclarés dans la tranche horaire allant de 10 à 18 heures. Par ailleurs, les foyers dont les causes sont inconnues représentent un taux très important (86%). Dans un autre chapitre, force est de constater que les insectes ravageurs menacent également la survie de nos forêts. En Algérie, le parasite le plus dévastateur touchant les peuplements de résineux, plus particulièrement les jeunes reboisements de pin d'Alep, est incontestablement la chenille processionnaire du pin. Plus de 171 455 ha ont été infestés par cet insecte en 2008. 52 954 ha ont été fortement infestés. Ce qui a nécessité un traitement d'urgence pour freiner la propagation de l'insecte et le maintien de sa population à un seuil tolérable. Pour faire face à la menace de cet insecte qui cause à l'arbre de graves défoliations, la DGF a mis en œuvre tout un programme de lutte avec des traitements par voie aérienne. A signaler enfin que le cèdre en Algérie connaît un dépérissement important. Apparu au début des années 1980, ce phénomène s'est accentué durant ces dernières années en raison de la sécheresse répétée et d'une diminution de la pluviométrie. Livrées aux foyers de parasites, les forêts de cèdres encourent un grand danger. Ce qui a poussé la DGF à mettre en place plusieurs mesures urgentes. A. S. Des stocks de fertilisants et d'engrais seront constitués dans les coopératives Inscrits sur la liste des produits chimiques dangereux nécessitant des autorisations et des mesures de protection pour les transporter, les engrais et fertilisants ont rendu la vie dure aux agriculteurs. Et pour cause, le commerce et l'utilisation de ces engrais chimiques est soumis à des règles de sécurité applicables aux activités portant sur les matières et produits chimiques dangereux. C'est ce qui fait que pas moins de 420 agriculteurs ont été incarcérés pour vente ou utilisation de ce type d'engrais. Pour faire face à cette situation complexe et afin d'éviter les dérives de cette réglementation, Rachid Benaïssa nous a annoncé hier que des stocks de fertilisants et d'engrais seront constitués dans les coopératives agricoles à partir du mois d'octobre. Ces stocks seront sécurisés et permettront de couvrir les besoins des agriculteurs. Rachid Benaïssa croit savoir que ce problème ne se posera pas avec acuité l'année prochaine.