Le ministre des Affaires étrangères a redéfini les priorités de la diplomatie algérienne. Sans aller avec le dos de la cuillère, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères remet les pendules à l'heure sur la question des essais nucléaires français en Algérie. Le projet de loi du gouvernement français, portant indemnisation des victimes des essais nucléaires, n'est qu'un petit détail pour l'Algérie. Depuis l'annonce de ce projet de loi, les débats étaient orientés sur la question des indemnisations. Le sujet lui-même ne focalise que sur la procédure d'indemnisation. Or, les revendications de l'Algérie sont loin, voire très loin, d'être limitées seulement à une affaire de «fric». Le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que Paris n'a pas satisfait les exigences de l'Algérie. Le ministre des Affaires étrangères a tenu à préciser que l'Algérie était la première à demander à la France d'ouvrir ce dossier. «Nous avons discuté avec la France de la question liée aux essais nucléaires avant l'élaboration du projet de loi par le ministère français de la Défense», a-t-il expliqué, lors de son passage hier sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale. L'invité de l'émission Tahaoulat a insisté sur la préoccupation de l'Algérie, quant à ce chapitre qui n'a jamais été appréhendé sous l'angle d'un projet de loi, ni d'une affaire d'indemnisation. Que revendique alors l'Algérie? Selon le chef de la diplomatie algérienne, notre pays veut avant tout l'accès aux archives des essais nucléaires. En d'autres termes, l'Algérie cherche à savoir toute la vérité sur ces essais, notamment en matière de produits chimiques utilisés, en qualité et en quantité, lors des 17 essais. Le second point revendiqué par l'Algérie est lié aux impacts négatifs de ces essais sur l'environnement. «Nous avons discuté l'impact des essais sur la pollution de l'air, de la pierre et les conditions» de vie de la population. M.Medelci a affirmé que la France avait accepté le principe de la mise en place d'un groupe de travail qui veillera sur l'évaluation des effets négatifs des essais afin de prendre les mesures possibles pour améliorer les conditions de vie des populations et minimiser le danger auquel elles sont confrontées. Qualifiant les relations avec la France de stratégiques, le ministre n'a pas manqué de considérer la présence des investisseurs français en Algérie de «mitigée». Sur le plan des relations économiques, le ministre a nettement souligné que la présence d'opérateurs français en Algérie est insuffisante. Cette question sera, selon M.Medelci, abordée «à un haut niveau», au même titre, d'ailleurs, que la question de mémoire. «Il faudrait bien tirer les choses au clair afin de promouvoir les relations bilatérales et les concrétiser sur le terrain», a-t-il dit. A propos du processus de l'Union pour la Méditerranée, M.Medelci a indiqué que l'Algérie a émis des réserves après l'agression d'Israël contre la bande de Ghaza. «Il faut bien que l'agresseur change ses positions et donne des explications pour espérer débloquer rapidement l'UPM» de son impasse cette année. En ce qui concerne l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, M.Medelci a dévoilé qu'une réunion aura lieu le 16 juin à Luxembourg pour procéder à l'évaluation de cet accord. «Nous devons évaluer et promouvoir notre partenariat. Nous sommes obligés de trouver de nouveaux mécanismes qui permettent aux deux parties de booster le partenariat.» Lors de cette réunion, l'Algérie prévoit de demander aux Européens de dynamiser la coopération économique. Il s'agit de demander aux pays du Vieux Continent de s'impliquer davantage dans les investissements en Algérie. «Chaque partie dira ses vérités et nous espérons pouvoir trouver les mécanismes nécessaires pour promouvoir notre partenariat.» Au sujet de l'Union maghrébine arabe, le ministre a estimé que la construction de l'UMA n'est pas conditionnée par l'ouverture des frontières, ni par les échanges commerciaux. Et de qualifier les relations algéro-marocaines d'«excellentes». A propos de la question sahraouie, le ministre a déclaré que l'Algérie a confiance en le nouvel envoyé spécial de l'ONU, M.Ross ainsi qu'en la justice internationale. Par la même occasion, il a dévoilé qu'une réunion des Non-Alignés se tiendra à Charm El Cheikh en Egypte vers la mi-juillet.