Bien que la sphère réelle de l'économie algérienne soit en ébullition, le marché des capitaux -une partie importante de l'économie- est toujours en retard. Son développement est jugé même insuffisant. Ce constat a été dressé par la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB) dans son dernier rapport annuel. Le document fait état de «résultats insuffisants» et ce, au regard des efforts d'organisation, d'investissements et d'accumulation dans le domaine des activités des titres, de l'intérêt et de la mobilisation de tous les acteurs de la place et des attentes et des prévisions des pouvoirs publics dans ce domaine. Cette situation survient alors que le secteur des banques et des assurances, qui constitue l'environnement naturel de ce marché, connaît un nouveau cadre juridique, technique et institutionnel avec une ouverture des plus marquées vers l'investissement étranger accompagné d'une modernisation des systèmes de paiement, d'un élargissement des champs d'intervention des agents financiers au leasing et au capital investissement ainsi qu'au développement de la bancassurance et d'une dotation de la place d'instruments de garantie de crédits d'investissements. La semaine dernière, un rapport émanant de la BM, de la BAD et du Forum économique mondial a recommandé à l'Algérie de poursuivre les réformes financières, notamment en ce qui concerne le marché des capitaux «qui reste encore faible». Il apparaît clairement que la situation du marché des capitaux reste tributaire de la volonté de tous les acteurs de la place et non seulement des actions entreprises par les pouvoirs publics. Le document de Cosob a fait état d'un plan de modernisation et de développement qui vise à prendre en charge les nouveaux besoins de l'économie nationale. Il s'agira d'une nouvelle configuration d'organisation du secteur public avec ouverture de capital et partenariat stratégique, la prise en charge des besoins de financement des nouveaux groupes privés et des PME/PMI, l'accompagnement de nouvelles entreprises à la création, le financement des collectivités locales. Mais les responsables de la Cosob ne cachent guère que la mise en œuvre d'une telle stratégie «implique la contribution et la mobilisation de tous les acteurs de la place qui doivent impérativement travailler de façon coordonnée et concertée avec les experts internationaux et nationaux». Ils expliquent, en outre, que «sans une véritable promotion des métiers liés à l'industrie des titres au niveau de la place, du renforcement de l'autorité de régulation avec un cadre réglementaire clair et moderne, une organisation appropriée du marché et une mise à niveau de l'ensemble des acteurs, des systèmes et des procédures», les objectifs tracés seront difficiles à atteindre. S'agissant du bilan de la Bourse d'Alger pour l'année dernière, il est utile de mettre en exergue certains chiffres qui illustrent cette situation. Ainsi, pour le marché des actions, l'année 2008 n'a enregistré aucune nouvelle émission. Le compartiment action de la Bourse englobe deux titres, à savoir EGH El Aurassi et Saïdal. Toujours pour le marché des actions, les ordres présentés sur le compartiment actions sont de près de 1,5 million d'ordres (achats et ventes), soit une augmentation de 745 000 ordres par rapport à l'exercice 2007. En revanche, le marché des obligations connaît un développement particulier. Selon le document de la Cosob, celle-ci a délivré trois visas à trois emprunts obligataires (même nombre de visas sur l'année 2007). Le montant des fonds levé a atteint quant à lui, 36 milliards de dinars contre 7,8 milliards de dinars en 2007. Parmi les visas accordés par la Cosob, figure celui octroyé à la notice d'information de l'emprunt obligataire SPA DAHLI. Cette dernière se présente comme la première entreprise privée qui a émis un emprunt destiné au grand public. Pour les emprunts obligataires arrivés à échéance, la Cosob signale que quatre emprunts obligataires sont arrivés à échéance. Il s'agit de la Société de refinancement des crédits hypothécaires, d'Air Algérie, de Sonatrach et d'Algérie Télécom. Signalons que la Sonelgaz est devenue, selon la Cosob, un émetteur régulier sur le marché obligataire. Cette entreprise a initié 10 emprunts obligataires avec un montant de global de 87 milliards de dinars, ce qui lui confère le titre du premier emprunteur sur le marché financier. Le groupe compte aussi deux emprunts obligataires cotés à la Bourse d'Alger, avec un montant de 45,9 milliards de dinars. Outre les emprunts cités, il faut mettre en relief l'action décidée par les pouvoirs publics afin de dynamiser le marché boursier national en l'alimentant par des titres souverains à moyen et à long terme mais, également, de permettre l'élaboration d'une courbe de rendement qui va servir de référence comme pour la rentabilité des capitaux investis. En fait, la Direction générale du Trésor (DGT) a décidé de faire coter à la Bourse d'Alger les obligations assimilables du Trésor (OAT). Elles représentent un montant de l'ordre 145 milliards de dinars répartis sur trois maturités de 7, 10 et 15 ans. Cette introduction en Bourse s'inscrit, note la Cosob, dans le cadre des réformes financières initiées par le ministère des Finances en vue de développer le marché des capitaux. S. B.