Les entreprises rencontrent toujours des difficultés d'accès aux crédits bancaires et pour les plus performantes des financements en particulier via le marché obligataire. Ce qui freine la croissance de pans importants de l'appareil de production. Le Conseil de gouvernement a entendu il y a quelques semaines une communication de la ministre déléguée chargée de la Réforme financière sur la mise en œuvre de la réforme financière. La communication dresse en fait un rapport d'étape des actions engagées et propose les mesures de consolidation et d'approfondissement des axes et volets de réformes déjà entrepris. Cette réforme est articulée entre autre, autour, du renforcement de la stabilité et de la rentabilité du secteur financier, du renforcement du marché du crédit et la réduction du coût d'intermédiation, du développement substantiel du crédit immobilier, de la redynamisation du marché des capitaux… “Ce vaste chantier ouvert depuis de nombreuses années a connu dans sa globalité des avancées palpables qu'il s'agit de finaliser à la lumière des conditions macroéconomiques plus favorables, à partir du processus général de réformes qui en garantit le succès”, souligne le Conseil de gouvernement, précisant que la réforme financière vise, à terme, à transformer le système de financement de l'économie pour accroître le volume des investissements. Mais pour beaucoup d'experts le système bancaire en Algérie contraint le développement économique bien plus qu'il ne le sert. Certes des avancées ont été réalisées en matière de modernisation des systèmes de paiement. Cependant, pour les entreprises, le système bancaire algérien n'est toujours pas apte à les accompagner dans leur démarche de modernisation et d'investissement. Elles nourrissent des griefs envers le système bancaire portant essentiellement sur ce qu'elles appellent “un manque de culture crédit”. C'est que les banques algériennes limitent l'offre de crédit en quantité (beaucoup d'entreprises n'y accèdent pas), en qualité (peu d'engagements à moyen long terme), ainsi qu'en termes de conditions (garantie patrimoniale impérative). Les banques souffrent d'un manque d'expertise technique pour évaluer les risques, renforcé, il est vrai par l'absence de visibilité sur la situation comptable des entreprises. Du coup le crédit, n'est pas facile et il est cher. Il est pour l'essentiel à court terme. Les banques sont, certes, sur-liquides en bilan mais sous-capitalisées et très dépendantes des adjudications de Banque Centrale pour leur refinancement à court terme. Alors elles ont tendance à se livrer à une surenchère sur quelques bons risques. La banque d'Algérie dans sa dernière conjoncture la concentration des crédits au titre de certains gros débiteurs privés, qui a fait émerger le phénomène de créances non-performantes. Le gros handicap pour les banques est constitué par les entreprises publiques déstructurées dont l'actif net (la valeur comptable) est négatif, par suite de pertes cumulées qui les placent en violation des dispositions du code de commerce et qui sont surtout inéligibles au crédit. Cela a fait de certaines banques, des banques-hôpital, vu qu'elles étaient dans l'obligation de maintenir en quasi-perfusion des entreprises déstructurées. Le montant des créances non-performantes est estimé à 400 milliards de dinars. La crise entreprise-banque s'explique par la très forte dépendance dans laquelle se trouvent les entreprises vis-à-vis de leurs banques, situation qui trouve son origine dans l'absence d'un véritable marché financier, qui reste embryonnaire en Algérie, de la faiblesse du crédit interentreprises, du crédit-bail, du capital-investissement, et d'autres instruments adéquats. L'absence de banques d'affaires se fait cruellement sentir sur le marché. Grand retard dans le développement du marché financier Huit ans après son démarrage la Bourse d'Alger voulue sous le signe de la morosité, affiche une capitalisation médiocre et un volume de transaction insignifiant. Le président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations en bourse (Cosob), M. Ali Sadmi, a réitéré, dans un rapport, publié en septembre 2007, son appel aux autorités publiques pour faire sortir la Bourse d'Alger de “l'état de léthargie” dans lequel elle se trouve depuis plusieurs années. À l'inverse du marché obligataire, qui a connu un relatif succès, celui des actions boursières se trouverait, au contraire, dans une situation critique. Non seulement le marché des actions n'a enregistré aucune nouvelle introduction de titres depuis l'année 2000 mais a, en plus, subi en 2006 le retrait de l'action d'Eriad Sétif réduisant ainsi à deux le nombre d'entreprises cotées en Bourse. Avec seulement deux actions cotées, la Bourse d'Alger ne peut pas être crédible auprès aussi bien des investisseurs que des émetteurs d'actions. Pourtant la vague de privatisations aurait pu contribuer à enclencher la dynamique boursière. Même le marché qui a connu au début un développement rapide, avec un volume de 2 milliards de dollars, semble atterrir doucement. Les banques semble-t-il ne veulent pas jouer le jeu. Dans les pays développés, la Bourse ne représente que 15 à 20% des marchés financiers. La véritable assise, ce sont les marchés obligataires et hypothécaires. Là, résiderait le succès de la réforme. Meziane Rabhi