Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou De nombreuses étapes restent à franchir pour renforcer la compétitivité en Afrique et sortir de la crise. Le développement du système financier et le libre-échange sont les étapes les plus cruciales. D'où la nécessité d'améliorer les infrastructures de la santé et de l'éducation ainsi que la gouvernance. C'est globalement le constat dressé par le dernier rapport de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le Forum économique mondial. Ce rapport a été rendu public mercredi dernier à l'occasion de la tenue du 19ème Forum économique mondial sur l'Afrique (WEF) au Cap (capitale parlementaire sud-africaine). Ce document, le deuxième du genre sur le cadre d'exercice de l'activité des entreprises de la région, tire partie du savoir et des compétences disponibles au sein des trois organisations. Ses rédacteurs ont particulièrement mis l'accent sur l'urgence d'améliorer l'accès au financement. Car, selon la même source, l'accès limité aux services financiers demeure un obstacle de taille pour les entreprises africaines qui n'arrivent à se frayer une place sur le marché régional et sur le marché mondial. Pour améliorer la situation, le rapport met en relief deux lignes d'action à court terme et trois à long terme. Les deux lignes d'action à court terme consistent donc à renforcer l'accès aux services financiers et à maintenir les marchés ouverts aux échanges commerciaux. Pour le premier volet, des mesures de promotion du marché sont préconisées. «On assiste depuis quelques années à un approfondissement et à une expansion des systèmes financiers africains, mais la crise mondiale actuelle risque de mettre fin à cette tendance et de compromettre les progrès enregistrés récemment», mettent en garde les experts des trois institutions. Pour cela, «il importe encore plus à présent de moderniser les mécanismes nécessaires à des systèmes financiers solides, efficaces et ouverts», est–il conseillé dans le rapport. La deuxième action consiste à éviter le protectionnisme. «La crise économique mondiale donne voix à des forces protectionnistes. Or le protectionnisme ne ferait que réduire davantage la demande et freiner la croissance. Aussi les dirigeants africains doivent-ils résister aux pressions politiques qui les poussent à ériger des obstacles au commerce, qui rendraient encore plus difficile la relance dans la région», note-t-on à ce sujet dans ledit rapport. Le président sud-africain, Jacob Zuma, a dénoncé, pour sa part, à l'ouverture du WEF, le protectionnisme des pays développés en période de crise. «L'agriculture africaine est victime depuis des décennies des énormes subventions versées par des pays développés à leur agriculture», a-t-il déclaré. Et d'ajouter : «Nous comprenons que toutes les économies se tournent sur elles-mêmes en périodes économiques difficiles. Mais on peut éviter de laisser d'autres marchés en dehors du circuit économique.» «Le marché des capitaux reste faible en Algérie» L'accès au financement est l'action où l'Algérie est le plus concernée. Certes, ce rapport classe l'Algérie dans le groupe des quatre premières économies émergentes d'Afrique et note également l'amélioration des indicateurs de performance des banques. Mais il fait ressortir la nécessité de poursuivre les réformes financières notamment pour ce qui concerne le marché des capitaux «qui reste encore faible». Par ailleurs, pour la majorité des pays africains, en plus de la faiblesse des infrastructures de santé, d'éducation, la bonne gouvernance fait défaut. Il y a donc lieu de mettre en place des structures institutionnelles solides et transparentes dont des exemples de réussite sont à citer. Car, même si d'importantes mesures ont été prises ces dernières années pour améliorer ces structures, dans de nombreux pays de la région, les institutions sont appelées à être plus ouvertes et plus favorables aux entreprises afin de promouvoir la compétitivité. Et ce, particulièrement en cette période de crise. «L'enjeu le plus essentiel pour nous à ce stade consiste à trouver le juste milieu entre la riposte à la crise dans l'immédiat et la poursuite des objectifs à plus long terme, nécessaires à la croissance durable en Afrique, par exemple, le développement des infrastructures et d'une main-d'œuvre qualifiée, ainsi que l'intégration économique», a d'ailleurs déclaré Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement. Outre l'évaluation de la compétitivité et des coûts de l'exercice de l'activité économique sur le continent, le rapport comporte aussi une analyse de l'ampleur et de la complexité des marchés financiers de la région, les mesures efficaces que les économies relativement plus petites du continent ont introduites pour promouvoir leur compétitivité, et la mesure dans laquelle les pays africains ont pris des dispositions pour faciliter le commerce transfrontalier. 15 milliards de dollars pour stimuler le commerce En somme, les idées convergent vers la nécessité de se positionner clairement pour faire face à la crise même si cette réunion est intervenue de manière tardive comparativement avec les multiples rencontres tenues ailleurs toujours dans le cadre de la crise. Ce forum a, faut-il le noter, coïncidé avec la 12ème session du Forum pour le partenariat avec l'Afrique (FPA), qui s'est tenu à Rome (Italie). Durant cette rencontre, les participants africains ont plaidé pour l'accompagnement et l'appui de l'Afrique dans les efforts de développement. Il est utile de rappeler dans ce sens que les grands investisseurs et bailleurs de fonds multilatéraux actifs en Afrique se sont engagés à injecter au moins 15 milliards de dollars supplémentaires pour stimuler le commerce, renforcer le secteur financier et multiplier les prêts dans les domaines des infrastructures, de l'agroalimentaire et des petites et moyennes entreprises de la région, victimes du ralentissement de l'activité économique mondiale. Cette intensification du soutien financier fait partie d'une action coordonnée destinée à empêcher que la crise économique mondiale annule les effets de plusieurs décennies de progrès, de croissance et d'investissement en Afrique. Les institutions qui participent à cette initiative sont le Groupe de la Banque africaine de développement, le Groupe de l'Agence française de développement, la Banque de développement de l'Afrique australe, la Banque européenne d'investissement, le ministère fédéral allemand du Développement économique et de la Coopération (BMZ), le Groupe de la Banque islamique de développement et le Groupe de la Banque mondiale. Ces établissements estiment que les perspectives économiques à long terme de l'Afrique sont bonnes et qu'un soutien coordonné avec les gouvernements et les institutions africaines aidera les économies de la région à se développer et à se renforcer. L'espoir est permis.