L'Algérie n'est pas satisfaite de sa coopération avec l'Union européenne et elle le fait savoir. C'est du moins ce que dit Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères lors d'une intervention sur les ondes de radio Algérie internationale en direct du Luxembourg où se tient la quatrième réunion d'évaluation de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE. Le ministre des Affaires étrangères, qui conduit la délégation algérienne à ces discussions, s'est tout de même consolé de fait que la balance commerciale globale soit en faveur de l'Algérie. «Nous exportons vers l'Europe l'équivalent de 40 milliards de dollars et nous importons pour 20 milliards», a-t-il estimé, avant de revenir très vite à une réalité qui fait que l'essentiel des exportations est constitué d'hydrocarbures. «Nous avons demandé à nos partenaires européens de nous aider de sorte à aider les entrepreneurs algériens à exporter en dehors des hydrocarbures», a dit le ministre, qui a précisé que cela concerne des secteurs bien précis, notamment l'agriculture. Selon lui, il s'agit avant tout de rééquilibrer un décalage dans les échanges dans les services dont l'avantage est plutôt du côté de Bruxelles. Et c'est cette «injustice» que les Algériens ont transmise à leurs homologues européens. «Ce n'est pas une protestation, c'est juste un constat», précise cependant Medelci, qui veut apparemment éviter des mots qui fâchent. N'empêche, ce «constat» va amener les Européens à regarder beaucoup plus de ce côté-ci de la Méditerranée. Pour ce faire, ils vont organiser en octobre ou «au plus tard en novembre» une rencontre d'hommes d'affaires européens en Algérie. L'objectif assigné à cette rencontre est, selon le ministre des Affaires étrangères, de «sensibiliser les investisseurs européens qui ne connaissent pas l'Algérie» de tenter leur chance d'affaires en Algérie. Ceci dans le but, bien évidemment, de sortir du cercle infernal de la dépendance aux hydrocarbures. En tout cas, une commission mixte va être constituée pour régler ces problèmes. Malgré cela, Mourad Medelci qualifie les relations énergétiques entre Alger et Bruxelles de «stratégiques». «L'Algérie est le troisième fournisseur de gaz à l'Europe», a-t-il rappelé, avec la précision que l'Algérie «a consenti beaucoup d'investissements pour pouvoir fournir du gaz à l'Europe». Et c'est parce que notre pays a fait beaucoup d'efforts qu'il s'estime en droit d'aspirer à un autre statut. Celui de passer de simple fournisseur à celui de distributeur. «Nous distribuons déjà du gaz dans certains pays européens, à l'image de l'Espagne, et nous ambitionnons d'élargir notre champ d'action», a estimé le chef de la diplomatie. Mais, a-t-il averti, si les Européens «refusent à l'Algérie ce qu'ils permettent aux autres», cela s'appelle «de la discrimination». Mourad Medelci fait référence aux multiples problèmes que rencontre Sonatrach lorsqu'elle ambitionne de distribuer le gaz directement en Europe. Dans le chapitre des relations humaines, le ministre des Affaires étrangères dit que l'Algérie va «essayer de trouver un terrain d'entente» avec ses partenaires européens pour régler la question de la circulation des personnes et des l'émigration clandestine. Et l'autre volet de cette question, lié notamment à l'émigration sahélo saharienne, Medelci a indiqué qu'une réunion se tiendra «prochainement» à Bamako, au Mali, pour discuter de la question. Il n'a donné ni la date de la tenue de cette rencontre ni la qualité des participants. A. B.