Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug Air Algérie redresse ses ailes. C'est un Bouabdellah Abdelwahid très souriant et confiant qui a présenté hier le bilan de la compagnie pour l'année 2008 et ses perspectives. Croissance de 9% de l'activité commerciale pour le trafic de passagers par rapport à l'année 2007 ; progression de 10% du chiffre d'affaires, charges d'exploitation, hors carburant stables ; bénéfice net de 3 milliards de dinars (+42%) ; structure financière assainie ; tels étaient les arguments mis en valeur par le P-DG de la compagnie pour brosser un tableau très rassurant sur l'évolution positive d'Air Algérie pendant l'année 2008. Malgré la crise économique mondiale qui a touché de plein fouet (entre autres à cause de ses répercussions sur la volatilité des prix du carburant et des devises), l'économie mondiale, la compagnie aérienne nationale peut se targuer d'avoir accompli un prodige en réussissant à redresser son état financier. Quels étaient les facteurs décisifs de ce retournement de situation ? Le premier pas décisif, selon le P-DG d'Air Algérie concerne la «valeur sûre» que représentent les emprunts obligataires lancés en 2004. Ils ont permis de financer le renouvellement de la première tranche de la flotte de la compagnie. Le montant global de 41,6 milliards DA a permis de financer l'acquisition de 14 avions. Pour ce qui est des perspectives de la compagnie, M. Bouabdellah est très optimiste. «On compte arriver à 6 millions de passagers à l'horizon 2014, soit le double du nombre actuel.» En écoutant l'intervention du P-DG d'Air Algérie, on comprend qu'après avoir amorcé des changements majeurs dans la compagnie, l'appétit de l'entreprise s'est ouvert. Le redressement de la tendance en déclin du trafic passagers, l'amélioration du taux de ponctualité, les nouvelles modalités de réservation, l'amélioration de la gestion financière de la compagnie, la réorientation vers le client, le renforcement du programme d'exploitation et l'investissement dans la formation sont autant d'efforts consentis par la nouvelle équipe. Ces efforts se sont soldés, à court terme, par l'augmentation du nombre de passagers qui a atteint, en 2008, 3,2 milliards de dinars contre 31,1 milliards en 2007 et un chiffre d'affaires de 34,1 milliards DA. Depuis 2005, c'est la première fois que le bilan brut d'exploitation passe au positif (+ 210 milliards DA) contre -3 334 milliards DA en 2005. M. Bouabdellah voit loin et demande plus. Il préconise en premier lieu de rationaliser la flotte et d'acquérir de nouveaux appareils (4 avions de 70 places et 7 de 150 places), et, en second lieu, de reconfigurer le réseau de la compagnie. Il demande une organisation en hub (plate-forme de correspondance), un au niveau d'Alger et d'autres moins importants dans les grandes villes du pays. Il préconise également d'améliorer la productivité de ses autres moyens de production comme le catering et le fret. Et, enfin, d'accroître la productivité du personnel par un dynamique de changement de façon à passer d'une orientation «production» à plus de «service». Dans ce sens, la compagnie prépare une vaste opération de formation de son personnel commercial qui touchera plus de 2 800 agents. Pour atteindre l'objectif crucial de 6 millions de passagers en 2014, la compagnie aérienne nationale ambitionne de développer une politique commerciale plus agressive pour le réseau France, de mieux adapter les offres sur les autres, de mettre en place des navettes sur les liaisons internes et, dans la perspective du développement du tourisme, prendre une part de ce marché. Interrogé sur les retards sans cesse décriés dans les vols de la compagnie, il répond : «On a dû arrêter des avions qui pouvaient voler en gardant le même programme de vol.» Sur la concurrence dans les lignes internes avec Tassili Airlines, il précise que c'est un partenaire et non un concurrent, tout en signalant des anomalies telles que l'accaparation par Tassili du transport pétrolier. Air Algérie chiffre ses objectifs d'investissement 2009-2010 à 100 025 millions de DA pour l'acquisition, entre autres, de 4 avions de 70 places, d'un simulateur, de 7 appareils de 150 places et de 2 avions-cargos pour le fret.