Pour la sélection espagnole de football, l'histoire, c'est ce soir. En postulant au sacre final de l'Euro 2008 devant une Manschaft habituée aux grand rendez-vous, «la Roja» retrouve la cour des grands où elle n'a pas pu accéder depuis 1964. Sous la direction d'un Aragones vorace malgré ses 68 ans, l'équipe ibérique présente le groupe le plus homogène de l'Euro 2008 avec un alliage mesuré et réussi entre des jeunes talentueux (Silva, Torres, Iniesta, Fabregas) et des chevronnés (Xavi, Casillas, Puyol). Affichant une maîtrise presque parfaite de la circulation de la balle dans tous les sens, l'Espagne se crée beaucoup d'occasions de but. Les Russes de Hiddink ont en fait la douloureuse expérience en encaissant sept buts en deux matches joués. La machine espagnole foulera ce soir la pelouse du stade Hernest Happel de Vienne orpheline de son Villa, meilleur buteur de l'Euro avant la finale. La défection de Villa pèsera-t-elle lourd ce soir ? La deuxième mi-temps des demi-finales contre la Russie a démontré combien le jeu ne repose pas sur une individualité. Personne ne se rappelle d'ailleurs aujourd'hui Raul, encore moins Morientes, les attaquants les plus célèbres de la sélection. Le jeu espagnol révèle une maturité dans la construction malgré la jeunesse de son personnel à l'image du maestro Fabregas qui n'a pas encore consommé ses 21 ans. Question du jour sous le ciel de Vienne : la fluidité du jeu espagnol s'exprimera-t-elle devant la légendaire mécanique allemande ? Aragones sait à qui aura affaire son équipe. Il le dit très clairement : «Ils savent comment faire le pressing et ils ne nous laisseront pas jouer de cette façon, mais quand on fait circuler la balle rapidement, l'adversaire se fatigue. L'Allemagne semble plus forte physiquement mais elle peut aussi se fatiguer. Certains joueurs espagnols courent vraiment beaucoup et très vite. Nous devrons jouer notre propre football.» Sans le poids de l'histoire qui donne l'Allemagne favorite au sacre, la prestation des deux équipes tout au long de cet Euro plaide pour «le finaliste inattendu». En matière d'efficacité offensive, les deux sélections se valent. Défensivement, le bilan des Espagnols est plus positif. L'arrière-garde ibérique donne plus d'assurance que celle dirigée par Lehmann. La bataille du milieu sera a priori gagnée par le quatuor insaisissable d'Aragones qui va connaître un remodelage avec la rentrée de Fabregas dès le coup d'envoi. A moins que le coach incorpore Güiza en attaque et laisse Fabregas faire la différence en seconde période avec ses orientations «chirurgicales». Devant un milieu allemand à court de rythme et en manque de connexion avec Klose, souvent esseulé en attaque, les Espagnols peuvent accaparer le ballon. Face à la menace offensive de l'Espagne, les Allemands dresseront leur mental de fer. A. Y.