Le chemin de l'enfer peut être pavé de bonnes intentions, dit-on. Dans le cas de figure suivant, le chemin auquel nous pensons est celui administratif auquel peuvent être confrontés les chefs d'entreprise et, mieux, si ces derniers sont porteurs de projets. Il relèverait dès lors du plus fort surréalisme de croire, ou, du moins, de feindre que celui-ci serait pavé de bonnes intentions. S'agissant ensuite de l'économie nationale et du secteur des petites et moyennes entreprises et industries (PME/PMI), il est indéniable également de souligner la volonté déclarée du ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement d'appeler au «changement de mentalités et d'accorder davantage d'intérêt aux ressources humaines pour lutter contre la fuite des compétences» pour peu que celui-ci ait une réelle idée de la situation qui prévaut sur le terrain et à laquelle sont confrontés régulièrement capitaines d'industries, hommes d'affaires et investisseurs apparentés. En fait, les asynchronismes du discours officiel autour du sujet prêtent à équivoque et suscitent, ou encore plus précis, installent le doute jusqu'à confirmer l'omniprésence d'une amnésie ambiante, laquelle semble encourager, habiller, voire authentifier des déclarations dont les effets d'annonce prennent le pas sur la matérialisation des mesures annoncées. L'opportunité nous a été donnée de développer dans la Tribune (29 janvier 2009) que le discours en matière d'investissement et de sa promotion n'a pas évolué d'un iota depuis 2002 sans que les résultats palpables aient été ressentis sur le terrain. Heureusement ou malheureusement, c'est selon, Ahmed Ouyahia le chef du gouvernement dès son retour aux affaires, a confirmé les propos tenus, affirmant péremptoirement et dans la foulée, sa prise de fonction : «Pour cette stratégie industrielle, je vais être brutal. Elle a fait beaucoup plus l'objet de communications que d'actions», soulignant alors que «la stratégie industrielle doit désormais être adaptée au papier millimétrique que sont les mesures prises par le chef de l'Etat que j'ai commencé à mettre en œuvre». Ainsi, la mise à niveau des entreprises, depuis exactement le début de l'année 2003, où le concept est entré dans le jargon économique officiel, n'arrête pas de prendre d'un pas allègre le rythme d'une rengaine resservie à chaque fois que l'opportunité s'y prête et, comble de l'ironie, également prise en charge avec une rare sincérité par l'ensemble des acteurs impliqués qui, à dessein ou involontairement, oublient superbement que tout a déjà été dit et qu'il ne manque plus que de mettre en application tous les engagements pris sinon rendre réalisables dans les faits les procédures retenues. Bien entendu, la nouveauté dans le discours a, à chaque fois, été accompagnée d'innovations comme les questions de dotations d'équipements de pointe à même de mettre… à niveau les PME/PMI en faisant appel à de nouvelles technologies, mesures d'exonération d'impôts ou assouplissement de la fiscalité, etc. Là encore, Reda Hamiani, le patron des patrons, déclarait, il y a à peine une année : «Il y a eu trop de réformes qui se sont révélées sans effet et d'aucun impact sur les PME et PMI algériennes. Cela fait quinze ans que nous avons entamé ces réformes, qui semblent s'éterniser. Nous avons l'impression de nous installer dans une économie de rente et de léthargie ; ça ne nous convient pas». Incontestablement, un programme lucide et intelligent de création et de multiplication de PME-PMI ne peut que booster l'économie, relancer l'emploi, somme toute la pierre angulaire de choix économiques de base dans tout pays qui envisagerait de se stabiliser intérieurement, d'une part, et viser à une émergence à même de lui conférer une marge d'indépendance suffisante pour l'avenir. A. L.