De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Les temps sont difficiles pour la toute jeune et déjà fragile Union pour la Méditerranée (UPM). L'agression israélienne contre Ghaza en a décidé ainsi. Depuis des mois, alors qu'il n'a pas encore célébré sa première année, l'ambitieux projet initié par le président Sarkozy est à l'arrêt, bloqué politiquement. Etait, pourrions nous dire, car ni Paris ni le Caire, ses co-présidents, n'entendent laisser dire que l'UMP est envasée définitivement. Ainsi ont-ils déployé tous leurs efforts pour relancer la feuille de route définie par les chefs d'Etat lors de sa création le 13 juillet dernier. Premier résultat concret : la tenue, jeudi dernier à Paris, de la première réunion ministérielle sur les projets de développement durable chargée de traiter quatre enjeux majeurs : l'eau et l'environnement, les transports, l'énergie et le développement urbain. Toutes les parties concernées ou intéressées par ces enjeux ont répondu présent : les Etats, mais seulement 17 étaient représentés à l'échelon ministériel, dont l'Algérie avec M. Cherif Rahmani, les institutions et organisations financières, bailleurs de fonds, et des partenaires privés. Après une matinée réservée à des ateliers techniques, les ministres ont pris les choses en main au cours de l'après-midi pour décider … de ne rien décider. Ce ne sont pas les projets qui manquaient dans leurs dossiers puisque la coprésidence a fait état de plus de deux cents mais qui ne sont pas encore entrés, à de rares exceptions, dans leur phase de maturation technique. Ce ne sont pas les fonds pour financer au moins quelques projets, 20 milliards de dollars seraient disponibles sur les deux cents milliards espérés, qui font défaut, en théorie. Mais comment avancer dans un climat politique pas encore apaisé ? Et, surtout, en l'absence d'une direction et d'instruments pour piloter, organiser et impulser l'UPM ? Celle-ci n'a toujours pas de secrétariat général, et les statuts de cette structure sont encore au stade de l'élaboration. «C'est l'urgence absolue», a reconnu, M. Borloo, ministre français de l'Environnement, qui se donne encore six mois pour que la difficulté soit surmontée. Ce qui laisse présager que, d'ici là, l'UMP fonctionnera au ralenti. Dés lors, la grande réussite de la réunion ministérielle de Paris est sa tenue. En tout cas c'est ce que reconnaît Paris lorsque M. Borloo déclare que «ce qui est très important est que la réunion existe», convaincu que «c'est une relance du processus». Même son de cloche de la part du conseiller politique de Sarkozy, M. Henri Guaino, qui a participé à la rencontre. «Cette journée, a-t-il déclaré, est une journée exceptionnelle pour nous. Après des mois d'inquiétude, après la tragédie de Ghaza, personne n'avait parié que nous allions y parvenir. C'est une réussite parce qu'on a pu mettre tout le monde autour de la table.» Parfois, il faut savoir se contenter de peu.