De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Paris s'apprête à accueillir demain avec un faste propre aux grands événements politiques, sous une haute protection policière, le premier sommet de l'union pour la Méditerranée (UPM). L'acte fondateur de cette union aura lieu dans l'un des plus beaux sites patrimoniaux parisiens, le Grand Palais situé face aux Champs-Elysées... 43 chefs d'Etat et de gouvernement représenteront leurs pays au cours de la seule réunion plénière prévue l'après-midi pour durer quatre heures sous la double présidence de Nicolas Sarkozy et de l'Egyptien Hosni Moubarak qui, selon le ministère français des Affaires étrangères, exerce depuis plusieurs mois la coordination du groupe arabe pour l'UPM. Seul le Libyen Mouammar Khadafi manquera à la grand-messe. Son pays participerait cependant à la réunion en tant qu'observateur. L'Algérie, l'un des tout derniers pays à confirmer sa participation à la fondation de l'UPM, sera représentée par le président Abdelaziz Bouteflika qui a donné son accord le 7 juillet à Toyako (Japon) au cours d'un entretien avec son homologue français. Visiblement très satisfait de la décision algérienne, Sarkozy a tenu à déclarer : «C'est extrêmement important, parce que l'Algérie joue un rôle central. Le président Bouteflika a une expérience, une autorité qui font que sa présence autour de la table pour le sommet de l'union pour la Méditerranée est indispensable au succès de ce sommet.» A Paris, les autorités ne cachent pas leur satisfaction de voir l'un des projets de leur présidence européenne aboutir sans pour autant céder au triomphalisme car des incertitudes demeurent quant aux résultats finaux du sommet. Sans omettre non plus, même si cette dimension est volontairement atténuée, que ce n'est pas le projet initial du président Sarkozy, une union ouverte exclusivement aux pays riverains de la Méditerranée, qui avait la préférence des pays du Sud, mais celui revu et corrigé par l'Union européenne avec ses 27 pays membres. Ce fut par la volonté de quelques pays, surtout l'Allemagne, craignant des désavantages dans cette mise à l'écart, que l'union méditerranéenne est devenue l'union pour la Méditerranée, posant ainsi une nouvelle problématique, des questions de méthode et le risque de maintenir la survivance du processus de Barcelone. D'ailleurs, l'approbation du projet par le Conseil européen du 14 mars dernier a été faite sous le titre : «Le processus de Barcelone : union pour la Méditerranée.». Alors continuité du processus de Barcelone, une franche rupture ou sa refondation ? Il semble évident que les pays arabes ont reçu certaines assurances qu'il ne s'agirait pas de persister dans un échec consommé d'un processus où les Européens étaient les promoteurs et les décideurs. Le projet qui sera soumis au sommet de Paris différerait déjà en prônant une coprésidence de l'UPM avec comme siège une ville de la rive sud. Mais Barcelone serait sur les rangs. L'UPM se voudrait une institution agissant dans le cadre d'un partenariat pour la réalisation de projets concrets, comme la dépollution de la Méditerranée, l'énergie solaire, la création d'une université méditerranéenne, l'immigration (mais sous quel angle ?), la question de l'eau ou le soutien aux PME. A géométrie variable, l'accord de tous les pays ne serait pas indispensable pour engager tel ou tel projet, ce qui éviterait le veto de tel ou tel des 27 pays européens. Qui financera les projets ? L'Union européenne semble frileuse. Paris suggérerait de faire appel à des capitaux privés et aux pays du Golfe. La déclaration du sommet de Paris ne peut par ailleurs évacuer le volet politique, en particulier la crise au Proche-Orient et le déni de justice au peuple palestinien. A ce sujet la déclaration finale ferait encore l'objet de tractations sur les termes qui seront employés, de même que la demande de la Ligue arabe à être membre observateur de l'UPM ne ferait pas l'unanimité chez les Européens. On ne sait pas aussi si la question du Sahara occidental sera prise en charge par la déclaration finale, tant la non-solution de ce dossier influencera forcément le climat politique du Bassin méditerranéen.