Le monde entier a célébré vendredi la Journée internationale contre l'usage et le trafic de stupéfiants. En Algérie, cet évènement planétaire, dont l'importance n'est plus à démontrer, est passé quasiment inaperçu ! Mis à part deux ou trois séminaires organisés dans quelques wilayas et l'inauguration hier après-midi du premier espace de relaxation et de prise en charge des jeunes toxicomanes à Alger, aucune manifestation officielle n'a été organisée par les pouvoirs publics pour répondre présent à cet incontournable rendez-vous. Pis, la télévision nationale n'a nullement rendu compte de cet évènement, préférant ainsi faire tout simplement l'impasse sur la problématique du trafic et de la consommation de drogue en Algérie. Pourtant, ce fléau est de plus en plus ravageur au sein de notre société. Chiffres à l'appui, le mouvement associatif a tiré la sonnette d'alarme et préconise plus que jamais un réel engagement de l'Etat dans la lutte contre la toxicomanie. Un engagement qui fait toujours défaut. Pour preuve, les actions des cellules d'écoute et de prévention à l'intérieur des maisons de jeunes demeurent très en deçà des attentes et des enjeux. Aujourd'hui encore, les écoles et associations de parents d'élèves s'impliquent rarement dans la sensibilisation en milieu scolaire. A la radio comme à la télévision, on compte sur le bout des doigts les émissions consacrées aux dangers de la consommation de drogue. Quant aux centres de prise en charge des toxicomanes, leur nombre frise le ridicule. Mais pourquoi une telle négligence vis-à-vis d'un fléau qui frappe, les statistiques faisant foi, de plein fouet notre jeunesse ? L'Etat sous-estime-t-il à ce point la toxicomanie ? Quoi qu'il en soit, le temps presse et il y a vraiment péril en la demeure car chaque jour que Dieu fait dans notre pays, de nombreux jeunes se «shootent» au vu et au su de tout le monde. Avec un marché inondé de cannabis et de psychotropes, l'Algérie encourt un grand danger. Pour faire face à la menace, les représentants du mouvement associatif ont soumis aux pouvoirs publics des propositions concrètes. Intensifier les activités culturelles, sportives et de loisirs au profit des jeunes, accélérer la réalisation d'un centre de traitement des toxicomanes dans chaque wilaya, accorder la priorité à l'insertion sociale et professionnelle de cette frange de la société, l'octroi d'indemnités de chômage aux jeunes pour les aider à surmonter leurs difficultés liées à l'emploi, toutes ces mesures ont été portées à la connaissance de diverses institutions étatiques sans que celles-ci ne donnent, malheureusement, des suites favorables. C'est à se demander enfin si la lutte contre la toxicomanie est réellement une priorité pour le gouvernement ? En attendant un sursaut salutaire, il convient de rappeler qu'on compte 200 millions de toxicomanes dans presque 200 pays et régions. Les consommateurs sont généralement âgés de 16 à 64 ans. Et chaque année, près de 200 000 personnes décèdent à travers le monde suite à la consommation de drogue. A. S.