Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab Un Festival international de la littérature et du livre de jeunesse se tient à Alger et draine grand monde. Les adultes y vont dans le sillage de leurs enfants, premiers concernés par la manifestation, qui ne savent où donner de la tête tant les nombreux étals d'exposition disséminés sur l'esplanade de Riadh El Feth débordent de livres aux dessins attrayants et aux couleurs chatoyantes. Avec de tels atours, les histoires qui y sont contées ne peuvent qu'être belles. On prend le livre, on le feuillette, mais le regard brillant virevolte du livre ouvert à ceux exposés qui ont l'air tout aussi intéressants. Lequel ou lesquels choisir ? Ce n'est pas très souvent que les enfants se posent cette question, et pour cause, l'embarras du choix qui la suscite n'est que conjoncturel et ne durera que le temps du festival. Il ne reste en effet que trois jours pour les parents qui voudraient faire profiter leurs enfants de cette aubaine livresque. Car, après la clôture du festival, prévue lundi prochain, tout redeviendra comme avant, c'est-à-dire quasi vide. Les étals et les rayons des librairies continueront à ne proposer que les livres bien cotés susceptibles d'être écoulés ou ceux vendus en dépôt. Et les livres pour enfants et jeunes ne s'inscrivent ni dans l'une ni dans l'autre des deux catégories. Les quelques ouvrages en vente sont ou trop chers parce que importés ou de mauvaise facture. Ces derniers sont souvent produits localement et la qualité des dessins, de la sélection de couleurs, du papier, voire du texte même –on a relevé des fautes d'orthographe dans certaines histoires- laissent souvent à désirer. Il est vrai que ce défaut de qualité est compensé par le prix. Mais ça ne suffit pas pour faire de ces livres des petits-pains, en termes de vente. Aussi les éditeurs préfèrent-ils investir dans le livre parascolaire, plus coté et qui se vend mieux. Il en est de même pour les libraires qui jouent également la carte de la commercialité. Ainsi, le livre pour enfants et jeunes n'a qu'une petite place dans leurs tourniquets, présentoirs et rayonnages. Ce petit constat montre l'ampleur du travail qui attend d'être accompli pour redonner au livre du jeune lecteur la place qu'il mérite. Et le premier travail doit être accompli par l'école qui a la charge d'éveiller chez l'enfant l'intérêt pour la lecture. Les parents ont aussi leur part. Mais le plus gros revient aux pouvoirs publics qui devront encourager la production de livres pour enfants et jeunes et soutenir, à travers des mesures incitatives, les éditeurs intéressés par ce genre de littérature et les imprimeurs qui seraient disposés à moderniser leurs installations et à se mettre au diapason des nouvelles techniques d'impression… C'est tout un chantier en fait qui est encore en attente d'être lancé.