Photo : Riad Par Faouzia Ababsa En 1998, le gouvernement algérien avait réussi, par la politique d'encouragement à la production nationale, à réduire de plus de 50% la facture d'importation de médicaments. Cela n'a pas été du goût des laboratoires dont certains avaient carrément instauré un monopole, mettant ainsi en danger la vie des malades. Cette diminution n'a pas fait long feu. Avec l'ouverture du marché, l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne (décriée au demeurant par les opérateurs, les économistes, les partis politiques et mêmes certains membres du gouvernement), les importateurs ont vu leur chiffre d'affaires grandir et les laboratoires croître leur appétit. Saïdal l'a constaté à ses dépens. A telle enseigne que l'usine d'insuline qu'elle a réalisée a connu une multitude d'obstacles. Car la fabrication de l'insuline localement réduit le champ de manœuvre et des importateurs et des laboratoires. Quelques années après, l'Algérie décide de faire obligation aux importateurs, qu'ils soient particuliers ou laboratoires, d'investir dans le secteur en Algérie au bout de deux ans. Les représailles ne se sont pas fait attendre. Les pénuries sont organisées, et la pression sur les médicaments pour les maladies chroniques notamment (ils tenaient l'Algérie par la main qui fait mal) se faisait plus pesante. La conséquence fut que les pouvoirs publics ont levé l'obligation. Ce n'est pas pour autant que les choses se sont arrangées. Le marché du médicament s'enfonçait dans l'anarchie et la volonté politique du gouvernement de favoriser et d'encourager le générique n'a pas pour autant «démoralisé» les lobbys qui sont, c'est indéniable, fortement soutenus par quelques politiques en mal d'enrichissement. Certes, depuis quelques années, l'Algérie a adopté des programmes de prévention pour réduire aussi bien les coûts des traitements que ceux des hospitalisations. Des programmes qui, dans le cas de certaines maladies, ont eu des effets mais pas pour d'autres. Et ce n'est pas pour autant que la facture de l'importation a baissé, loin s'en faut. En octobre dernier, le ministre de la Solidarité, de la Famille et des Ressortissants algériens à l'étranger a révélé que le marché du médicament est monopolisé par cinq importateurs. Lesquels se partagent la coquette somme de 2 milliards de dollars. Par ailleurs, la récente mesure adoptée par les pouvoirs publics relative à l'interdiction d'importation des médicaments dont l'équivalent est fabriqué en Algérie n'a pas fait des heureux dans le milieu des importateurs, pas plus que l'obligation qui leur est faite d'associer dans leur capital (30%) les nationaux. Du coup, ce sont pas moins de 40 médicaments, nécessaires aux malades chroniques, qui sont quasiment introuvables dans les officines. Le désarroi des patients n'a d'égal que le risque de se voir mourir à petit feu. Interrogé à ce sujet, lors d'une conférence de presse qu'il a animée au début du mois de juin, en marge de la tenu du conseil national du RND, son secrétaire général et non moins Premier ministre a été catégorique. L'Algérie ne reculera pas. Ahmed Ouyahia a déclaré que l'Etat algérien, souverain, ne subira le diktat de personne. Dès lors, il faudra que le gouvernement prenne plus de mesures volontaristes à même de mettre un terme aux pratiques de ceux qui refusent de porter assistance à des malades en danger.