Décision relevant du patriotisme économique, la mesure prise par le gouvernement d'interdire l'importation des marques de médicaments déjà fabriqués en Algérie fera beaucoup d'heureux. C'est une revendication, vieille de quelques années, des industriels locaux mais aussi de certains partis politiques, à l'image du Parti des travailleurs qui n'a eu de cesse de remettre à chaque examen de la loi de finances la question sur le tapis en proposant des amendements allant dans le sens du soutien de la production nationale du médicament. Amendements toujours rejetés par les majorités parlementaires qui se sont succédée. D'ailleurs, il ne serait pas étonnant que l'actuelle majorité (Alliance présidentielle comprise) rejette l'amendement introduit par le PT sur cette question dans l'actuel projet de loi de finances. Cependant, cette majorité devra se faire une raison. La décision émane du conseil de gouvernement, composé de membres de l'Alliance présidentielle justement. Toutefois, tout vient à point pour qui sait attendre. Le parti dirigé par Mme Hanoune, tout comme les producteurs nationaux, ont fini par avoir gain de cause. Mais la mesure prise par l'Exécutif ne fait pas que des heureux. Elle est plus que préjudiciable pour la mafia du médicament qui, des années durant, a fait «son beurre» sur le dos du citoyen algérien. Avec la complicité, souvent avérée, de médecins avec lesquels ils partageaient une part du pactole. Lesquels médecins, au lieu de privilégier la prescription de médicaments ayant les mêmes propriétés et traitant la même pathologie, prescrivent des traitements importés et onéreux. Avec cette précision que lesdits médecins s'évertuent à faire un véritable bourrage de crâne à leurs patients, leur faisant croire que les médicaments étrangers sont plus efficaces que les locaux. Ce qui a porté quasiment le coup de grâce à la production nationale et fait augmenter de manière vertigineuse la facture de l'importation, alors qu'elle a été divisée par deux vers la fin des années 90. A l'époque, beaucoup de laboratoires avaient usé de tous leurs subterfuges et autres pressions pour faire reculer les pouvoirs publics, car la baisse de la facture au moment où l'Algérie comptait encore ses sous, avait grevé leurs bénéfices. Cela, sans compter que les opérateurs activant dans ce secteur et dont beaucoup n'étaient pas des professionnels ne s'encombraient d'aucun scrupule pour faire entrer via les ports des médicaments douteux, voire périmés. Plusieurs marques avaient d'ailleurs été retirées du marché car ne répondant pas aux normes. Il va sans dire que l'interdiction décidée par le conseil de gouvernement et l'obligation faite aux importateurs d'investir localement se heurteront à des résistances. Il n'est d'ailleurs pas exclu que l'on assiste dans les prochains jours à des tirs au flanc ou encore à des campagnes médiatico-politiques. Des dossiers douteux pourraient même faire leur apparition. Histoire de faire pression et de faire reculer une décision souveraine. F. A.