Plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement africains et environ 500 délégués vont débattre, à partir d'aujourd'hui à Addis-Abeba, au siège de l'Unité africaine (UA), pour débattre de la sauvegarde du capital humain de l'Afrique. La conférence est organisée par le Bureau international du travail (BIT) qui n'a cessé de tirer la sonnette d'alarme sur la pauvreté dans ce continent, à la traîne dans tous les domaines, sur la question de sa jeunesse et ses flux migratoires qui se terminent le plus souvent en catastrophe. En fait, après l'exploitation de leurs richesses, les populations africaines vivent aujourd'hui une véritable descente aux enfers. “L'avenir de l'Afrique est en danger”, s'est exclamé Regina Amadi Njoku, directrice du BIT pour l'Afrique. Ce continent a besoin de 11 millions de nouveaux emplois chaque année et, aujourd'hui, il n'y en a que 8,6 millions, révèle-t-elle. De l'autre côté, le continent reste le principal pourvoyeur d'émigration avec un phénomène inédit de boat people aux issues dramatiques. Le constat est d'autant plus inquiétant que les pouvoirs africains n'ont cessé de s'enorgueillir de fortes croissances économiques. Pour le BIT, le chômage ne cesse d'augmenter ainsi que le nombre de travailleurs pauvres. Le taux actuel du chômage est estimé à 10,3%, à comparer avec le taux moyen du chômage mondial qui s'élevait à 6,3% en 2006. Le BIT est franchement pessimiste, le nombre des travailleurs pauvres en Afrique va augmenter considérablement malgré les politiques volontaristes qui promettent d'éradiquer le phénomène d'ici 2015. Les prévisionnistes du BIT estiment que d'ici là le pourcentage d'individus qui, tout en travaillant, vivent avec leur famille avec moins de 2 dollars par jour et par personne, passera de 260,3 à 316,7 millions. L'Afrique est non seulement mal préparée pour réaliser les objectifs de développement du millénaire mais c'est également le continent où la protection sociale n'a aucun sens et où le travail des enfants ne s'est pas inversé. En outre, c'est la région du monde où l'impact de la pandémie du sida sur le marché du travail est le plus criant. Selon des chiffres de 2005, 9 millions d'hommes et 7 millions de femmes en âge de travailler, entre 15 et 64 ans, vivent avec le sida. Soit deux tiers de l'ensemble de la population active vivant avec le sida dans le monde. Comment sortir de ce cercle infernal pauvreté, sida, émigration ? C'est tout l'enjeu de l'Afrique. Mais pour commencer, il faut mettre de l'ordre dans la maison, c'est-à-dire, régler les multiples questions politiques. D. B.