Où sont passés les grands défilés d'antan ? Où sont passées les belles parades de l'Armée nationale populaire au cours desquelles les Algériens ne cachaient pas leur fierté pour les héritiers de l'ALN ? Le 5 Juillet, fête de l'indépendance, passe totalement inaperçu comme le 1er Novembre, date du déclenchement de la lutte de Libération nationale. Il se résume, maintenant, à une réception offerte par le président de la République au corps diplomatique, aux membres du gouvernement et à d'autres personnalités nationales. Renommée aussi Fête de la jeunesse, le 5 Juillet n'offre absolument rien à nos jeunes, ni distraction ni espoir. Alors, que dire de ces grands hommes, qui ont donné leur vie pour notre pays tels que Ben M'hidi ou Amirouche ? Ils sont de simples noms de rue, pour la plupart des jeunes. Ils ne connaissent rien de leur passé. La jeunesse algérienne est en train de se noyer et de perdre progressivement les repères de son histoire, à tel point qu'elle n'a plus de respect pour son drapeau. Au cours d'une petite tournée, nous avons rencontré des jeunes à qui nous avons posé les questions suivantes : Que représente la fête du 5 Juillet pour eux ? Nous avons eu les réponses suivantes. Kenza, 20 ans, a déclaré : «C'est vrai que le 5 Juillet est une date historique importante dans notre pays. Mais, me concernant (avis personnel), je pense que c'est la dernière date digne de ce nom. Je me pose une question chaque matin en me levant : Comment un peuple comme nous a-t-il atteint un degré de naïveté aussi grand ? Nous avons livré notre pays à des voyous qui viennent nous chanter je ne sais quoi le 5 juillet de chaque année. La jeunesse doit se relever, mais avant tout, retrouver l'intégrité personnelle, du respect des valeurs, et nous débarrasser de ce modèle autocratique qui perdure en Algérie au détriment de ses enfants. La réussite sociale est devenue la chose la plus importante dans mon cher pays au détriment de l'intégrité, des valeurs de nos aînés, du sens même de la raison de la fête du 5 Juillet. Bonne fête à tous les Algériens. En tout cas, pour ceux qui veulent faire la fête, ce n'est pas mon cas.»Hakim, jeune homme de 25 ans, dit ceci : «Il est vrai que je peux reprocher certaines choses à mes compatriotes, comme l'émigration, la fainéantise, l'ignorance, le refus de travailler durement, d'endurer des sacrifices pour notre pays... » Il a, également, ajouté : «J'aime mon pays, c'est pour cela que j'œuvre de mon mieux à sa réussite, et je ne compte pas m'arrêter de si tôt.» Feriel, une jeune fille de 17 ans, a carrément dit : «Honnêtement, moi je ne la fête pas, en plus ils ne font rien pour nous encourager. Nous sommes pratiquement à la veille et ils n'ont encore rien préparé.» Voilà, ce sont les réponses des jeunes d'aujourd'hui. Il faudrait peut-être s'interroger sur le rôle du ministère des Moudjahidine dans la préparation des programmes des festivités de cette date historique. Mais, heureusement, le 47e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie coïncide avec l'ouverture du Panaf. Peut-être que c'est la fête de la jeunesse qui va vibrer au rythme et aux couleurs de l'Afrique. F. B.-C.