Comme deux soldats alignés dans un défilé, les 5 Juillet d'Algérie se suivent et se ressemblent, confirmant l'usage qui tend à faire de cette fête nationale la fête de l'armée au lieu de celle de tout un peuple. Cette année encore, l'essentiel de la commémoration a été consommé en direction de l'ANP et, pour la version 2004, l'Algérie s'est enrichie de 14 nouveaux généraux, dont 4 majors. Est-ce un signe de bonne croissance ou d'inflation ? Les économistes pourront répondre à cette question, le temps d'en poser une autre : comment le 5 Juillet est-il devenu simple occasion de promotion militaire, semblable à l'Aïd El Kebir, qui a lentement dérapé en une fête des maquignons, ou le Mouloud devenu au fil du temps l'anniversaire des importateurs de pétards ? Comme chaque année, les plus optimistes s'attendaient à un discours plus novateur, à de profondes réformes du droit à l'égalité, à la représentativité et au progrès collectif, tels qu'inscrits dans la Déclaration de Novembre. Comme chaque année, les plus pervers s'attendaient à de spectaculaires limogeages, et les rumeurs habituelles (le général Lamari va enfin rentrer dans sa caserne) ont vite été effacées par la réalité des équilibres. Il n'y a rien eu de tout cela, mais cette militarisation des fêtes nationales civiles amène quelques réflexions à offrir au comité de préparation du 5 Juillet 2005 ; Bouteflika faisant régulièrement de vibrants hommages à l'armée au cours de l'année, pourquoi doit-il le faire encore le 5 Juillet ? Deuxième question, y a-t-il un rapport entre l'indépendance algérienne et l'armée ? A première vue oui puisque, officiellement, l'ANP est la digne héritière de l'ALN. Mais à deuxième vue, cet héritage n'a-t-il pas été transmis à toute la population, fière du combat de ses pères ? Si. Alors pourquoi ne pas offrir une promotion à tous les Algériens en les nommant citoyens ?