De notre correspondant à Constantine A. Lemili Dés lors qu'il s'agit d'élire un président d'association qui serait celui indiqué et sur qui se porteront sans état d'âme les choix ou a contrario de procéder à l'éviction d'un autre plutôt encombrant, il peut et il est recouru à tous les moyens même parmi les plus interlopes pour obtenir son éjection. Des procédés aussi peu orthodoxes ne sont certainement pas l'apanage du seul Mouloudia de Constantine. C'est d'ailleurs un peu en ce sens que la dernière AGE du MOC garde peu de chances de faire recette dans la mesure où elle n'est, en fait, qu'un cas d'école qui passe souvent inaperçu parce qu'à tous les niveaux des instances directement concernées ou en périphérie, à l'image des médias pratiquent avec une honteuse désinvolture la politique de l'autruche. Au MO Constantine, Abdelhakim Madani a été élu. L'intéressé ne s'est pas foulé la cheville pour y parvenir. Non parce qu'il était personnellement convaincu qu'il le serait mais plutôt parce qu'il entrait dans l'ordre normal des choses qu'il le soit… pour la simple raison que c'était le candidat le plus crédible… En fait, le plus solvable autant sur le plan moral que financier ou matériel. Hakoum pour les Mocistes est devenu légitimement le président du club. L'ancien président au bilan moral favorable si tant est que le challenge (le maintien) qu'il s'était imparti lors de son intronisation, en juillet 2007, eût été considéré d'une grande importance, quitte la barre Toutefois, ce qu'il y a lieu de retenir, c'est que l'essentiel de cette assemblée générale élective était de désigner impérativement un nouveau boss et peu importe qui le serait sauf qu'il existait une précision de taille. Celle que ce ne doit être en aucun cas Berrehail Mohamed. Cet exceptionnel mal-aimé du Moudoudia a l'art de monopoliser tous les reproches possibles : déficit en communication, arrogance dans le comportement, violence physique tous azimuts à l'endroit de tout contradicteur et pis, à l'encontre du corps arbitral dont il dira en conférence de presse, quelques jours après le derby local, que «s'il y a un problème d'arbitrage en Algérie, le MOC le réglera». Il y a lieu de rappeler qu'à la fin de la rencontre, Benouza qui avait officié le match avait indirectement été mis en cause par l'un des dirigeants qui se trouvait être hasard ironique … le président élu jeudi dernier. Mais ce n'est pas uniquement pour ces raisons que Berrehail Mohamed n'a pas été reconduit, c'est plutôt et surtout parce qu'il est le fruit d'une union morganatique entre une assemblée générale qui se veut bon chic bon genre, gardienne des bonnes manières et du sens de l'éducation…l'un des dogmes de l'ouléma Benbadis et pilier sur lequel repose l'édifice mociste. Des considérations totalement contrariées par l'image d'un président peu sinon pas du tout sortable. Marchand de rêve et déception des supporters Abdelhakim Madani a été le président-mystère parce que le clan de Berrehail n'a eu de cesse une semaine durant de déployer une tonne d'énergie en coulisses pour obtenir l'adoubement incertain de son champion face à un candidat-mystère, en l'occurrence Ali Bouchama, lequel de son côté a mobilisé une partie des médias en vendant littéralement un rêve aux supporters des Blancs, des supporters qui croyaient dur comme fer que le fringant titulaire d'un magistère en communication détenait effectivement les moyens de donner rapidement au MOC un standing et naïvement, toutes proportions gardées, l'aura et la dimension des Olympiens hexagonaux (OM et OL), à partir du moment où il se targuait de tutoyer J.-M. Aulas et Pape Diouf, lesquels auraient souvent recouru à son entregent dans les milieux de l'émigration. Et pourrait-il en être autrement sachant qu'en déclinant sa carte de visite, il nous dira de vive voix qu'il est également le président de la commission des affaires étrangères au sein de l'Organisation nationale des enfants de moudjahidine en France. «Je suis un enfant de la famille révolutionnaire», tiendra-t-il encore à souligner. «Je ne suis pas le bon Samaritain, ce que je vais investir dans le Mouloudia sera profitable au club et à moi-même ; autrement dit, je veux en faire une entreprise commerciale et une grande équipe en même temps», a-t-il précisé sur le perron du palais de la culture Malek Haddad jeudi dernier. Cette candidature ne pouvait pas forcément être sans une dynamique derrière. Un clan porteur est vite conçu et né in vitro. Sa caractéristique essentielle est qu'il a trouvé des relais auprès des correspondants de presse «intéressés» qui créeront l'engouement parfait pour faire de Bouchama l'élu avant terme. Or, le jour même de l'AGE, nous lui posions la question au sujet de l'illégitimité de sa candidature. Notre interlocuteur, imperturbable, était persuadé qu'il n'y avait aucun problème à ce sujet : «j'ai été coopté la semaine passée par l'ensemble de l'AG.» Une certitude loin d'être partagée par le représentant de la DJS évoquant presque…un faux qui impliquerait la commission de candidature ayant présenté le dossier de l'intéressé en feignant ignorer qu'il n'avait pas la qualité de membre de l'AG. Ce qui est au demeurant vrai, les membres de la commission de candidature ne s'en cachant même pas à partir de la tribune d'où ils dirigeaient les travaux et allant jusqu'à déserter la salle parce que celui qu'ils avaient décidé d'inclure dans la course était disqualifié suite à un timide désaveu du représentant de l'administration qui, faisant l'impasse sur la réglementation, a préféré refiler le bébé à l'AG et une souveraineté dont tout le monde use et abuse. A la majorité des voix, obtenue dans des conditions folkloriques, le candidat d'importation est tout bonnement renvoyé chez lui. En quittant la salle avec son patron, Guedjali Bachir, agent de joueurs et son porte-parole autoproclamé, il annoncera la nouvelle aux centaines de supporters en embuscade autour de l'enceinte où se déroulait la rencontre. Celle-ci sera suivie d'un déluge de pierres que n'arrivera à faire cesser qu'une charge énergique des éléments du service d'ordre grandement renforcé. En tout état de cause, au lendemain de l'élection de Madani Abdelhakim, la rue laissait entendre qu'il existerait un deal entre le nouveau président et Ali Bouchama, que la cogestion du club était quasi certaine et qu'il n'est pas exclu que, pour une raison ou une autre, l'actuel président quitte la direction du club pour faire avancer la candidature de celui qui, dans l'immédiat, n'avait pas la légitimité requise. L'essentiel ayant été de parer au plus pressé jeudi dernier… à savoir tenir à l'écart, voire éliminer Berrehail Mohamed. Pour l'anecdote, plusieurs joueurs ont été contactés par Ali Bouchama qui en a rencontré par ailleurs quelques-uns à l'hôtel Cirta. Certains parmi ces derniers nous ont même communiqué le montant exigé pour la signature et les procédures de paiement. Selon nos interlocuteurs, à chaque fois, Bouchama avait répondu par : «Moi, je paye cash la première tranche.»