A remarquer le brouhaha, la débauche d'énergie du personnel, la dimension des espaces occupés, l'agencement des lieux, il semble plus qu'évident que Numidia Travel mérite largement son titre de tour-opérateur numéro un à Constantine. Tour-opérateur et non agence de voyages, la nuance peut passer inaperçue mais la différence profonde est réelle dans la perception que son premier responsable a de cette activité, en l'occurrence Belhadj Mostefa Nadir, qui a tenu à souligner qu'il n'était pas un revendeur de billets de transport et autres petites prestations comme les excursions mais «un producteur, au sens où nous concevons le produit, établi à travers tout le territoire national». Il s'enorgueillit légitimement d'un organigramme constitué de 40 personnes rien qu'à hauteur de Constantine et de 60 autres agents, répartis sur les autres succursales du pays et en… France. Numidia Travel (NT) mérite aussi son titre de numéro un sans que nous ayons besoin de le lui décerner, dans la mesure où lors d'un «petit tour» initial réalisé à travers d'autres agences, pour ne pas dire des concurrents, au sens de l'émulation, ceux-ci ont été unanimes à reconnaître que si NT a été retenu pour la quatrième fois pour l'opération Hadj «cela n'est que mérité. Ce sont des professionnels, des vrais. L'entreprise jouit de moyens conséquents et a su les exploiter. Affirmer qu'il y a anguille sous roche sur ces choix répétés serait faire preuve non seulement d'un procès d'intention gratuit mais de mauvaise foi. Le seul moyen d'argumenter autrement serait de faire mieux que NT». C'est donc du haut de cette reconnaissance de fait que le manager de Numidia Travel nous reçoit et nous explique que «sans être la première agence créée à Constantine, nous avons su, a contrario, développer des activités idoines pendant 24 ans et surtout appris à travailler dans le respect des normes, des différences de charges auxquelles nous pouvions être soumis. En ce qui concerne le grand pèlerinage, ledit cahier de charges détermine des critères auxquels nous répondons : l'ancienneté, la capacité à drainer des touristes étrangers vers l'Algérie, car il ne suffit pas seulement d'envoyer nos compatriotes chez les autres. C'est ce que l'on appelle le réceptif. Il y aussi l'aspect organisationnel, logistique, financier et humain pour harmoniser tout cela. La finalité étant de fournir une prestation de qualité à nos clients et deux fois plus qu'une s'il s'agit des hadji». NT pratique des prix, à la limite, prohibitifs. Les clients le savent. Ce qui ne les empêche surtout pas de se bousculer pour recourir à ses services, eu égard à la qualité. Notre interlocuteur ne s'offusque pas de la question posée en ce sens, estimant que «chacun est libre de faire son choix quand il s'agit d'une prestation. En ce qui nous concerne, nous avons placé la barre assez haut pour conjuguer bonne clientèle, prestation à sa hauteur, mais aussi créer un label et asseoir une réputation. Chez NT, c'est littéralement VIP». Bon an mal an, NT déplace jusqu'à 11 000 personnes annuellement dans le cadre de la omra. Quand au grand pèlerinage, le tour-opérateur a obtenu un quota de 500 personnes qui la classe parmi les huit meilleures agences nationales. Ce qui n'en demeure pas moins certain chez Belhadj Mostefa Nadir, c'est cette assurance de pouvoir prendre en charge jusqu'à 5 000 dans les meilleures conditions. «Toutefois, cela ne tient pas à nous. Il y a un cadre réglementaire que nous respectons et auquel nous nous plions, à commencer par les quotas attribués à notre pays [35 000 personnes - 1 000 hadji pour un million d'habitants].» Cette notion de VIP a conduit Numidia Travel à adopter une tout autre attitude quant à la nature même de la prestation. «Nous sommes totalement différents de ce qui se fait ailleurs. NT loue carrément un hôtel entier… un cinq étoiles obligatoirement. Nos clients ne sont pas installés selon notre bon vouloir mais selon leurs desiderata. Nous laissons à chaque client ou groupe de clients la latitude de choisir avec qui voyager, partager une chambre, une table, etc», dira B.M. Nadir. Nous avons remarqué à un endroit de l'agence plusieurs malles roulantes dont notre interlocuteur s'est fait un plaisir de nous en dévoiler le contenu : une série de sacs spécialement confectionnés dans lesquels le hadji peut y déposer, selon un tri efficace, la nature : médicaments, papiers personnels, gadgets et même une sorte de bourse, prévue pour y accueillir les cailloux destinés à la… lapidation du Malin. C'est dire que cerner de tels détails ne peut que conforter un label que le ministère de tutelle a matérialisé par une lettre de félicitations à NT. Cela ne veut pas dire que tout va très bien dans le meilleur des mondes. «Les impondérables sont le lot de tout le monde, mais s'agissant de ce qui est prévisible, nous faisons tout pour que rien ne vienne perturber le hadji. Sur place [à La Mecque], nous avons des vis-à-vis avec lesquels nous travaillons depuis des années. Ces derniers se plient à nos exigences et non l'inverse, de manière à ce que le hadji algérien ne se sente en rien dépaysé, ne serait-ce que par le problème de la langue ou du dialecte… c'est selon», conclura M. Belhadj Mostefa Nadir.