De notre correspondant à Constantine A. Lemili Dès qu'il s'agit de parler argent et coût des montages financiers, les présidents de club sont moins diserts ou tièdes sur la nature des informations à communiquer comme s'ils étaient face à un inspecteur du fisc. C'est pour cela qu'ils préfèrent rester dans les approximations en enrobant leur argumentaire de «cela dépend de la situation du moment, des blessures, d'un jugement de valeur aléatoire, notamment une fois la saison à son tiers entamée. C'est-à-dire au mercato où, parfois, tout ce qui a été fait au cours de l'intersaison est littéralement remis en cause. Nous avons vu des présidents de club recruter un nouvel effectif à cette période parce que les choix de l'intersaison se sont avérés aventuristes». D'un président à l'autre, par voie de conséquence, le discours ne varie pas, même s'il arrive à certains d'entre eux, pris à chaud et quand la courbe leur est favorable, de plastronner dans les colonnes de journaux spécialisés. Cela étant, pour le premier responsable de l'AS Khroub, qui est sans doute l'un des clubs où la gestion est des plus parcimonieuses, sinon moins clinquante «à ce jour, le club en est à 5,5 milliards de centimes de dépenses. Il nous en faudrait un peu plus du double pour terminer la saison, même si nous ne prenons pas de mesures d'enrôlement au cours du mercato». Pour Hassan Milia, les comptes peuvent être bons «si le recrutement est fait de concert. Laisser du mou au staff technique risque de ruiner le club, ce qui en soi est légitime, les techniciens estimant mettre de leur côté le plus d'atouts. En ce qui nous concerne, et parce que nous détenons les cordons de la bourse, la gestion devient bligatoirement rationnelle et à la limite de la ladrerie, compte tenu de facteurs exogènes, à l'image des subventions de l'Etat et de leurs conditions d'octroi. Toutefois, nous parlons évidemment pour l'ASK, nous estimons quantifiable financièrement le maintien du club à une dizaine de milliards, dont au moins huit pour le seul recrutement à l'intersaison. Maintenant, comme toute autre équipe, il n'est pas exclu pour nous que jouer le titre est faisable, il suffirait pour cela de disposer d'une vingtaine de milliards». MOC, un club ui a énormément investi … «Nous croyons sincèrement que ceux qui prétendent le contraire ont des raisons de le prétendre seulement et n'ont pas d'arguments réellement tangiblse», ajoutera-t-il. C'est pratiquement le même raisonnement qui sera émis par Kamel Madani, l'un des responsables et porte-parole du Mouloudia de Constantine : «Nous rejoignons totalement notre collègue de l'AS Khroub dans ce qu'il dit, mais en ajoutant toutefois que, pour un club de division une, le challenge est beaucoup plus complexe, en ce sens qu'il s'agit d'atteindre un objectif qui n'est pas tellement évident, compte tenu de la forte opposition d'autres équipes visant la même chose. En ce qui concerne le MOC, nous sommes d'ores et déjà sur cette estimation et il faudrait pour cela tenir compte également de recrutements obligatoires que nous sommes tenus de conclure au mercato.» M. Madani évoquera ainsi le recrutement de cinq nouveaux joueurs : deux pour le compartiment offensif, deux autres pour celui défensif et éventuellement un autre gardien de but. Le mercato est-il un moyen de compenser les charges dès lors qu'il peut concerner la libération de joueurs qui n'auront pas justifié les espoirs placés en eux ou un autre passage obligé qui rendra plus exsangue la trésorerie ? La réponse coule de source pour chacun de nos interlocuteurs. S'agissant de l'ASK, qui fait un parcours honorable, la preuve est apportée que l'effectif est homogène, donc le choix de l'intersaison se confirme et la direction n'est pas foncièrement astreinte à d'autres recrutements sauf impondérable. A contrario, le club peut, sans réelle appréhension, libérer quelques joueurs qui n'ont pas été très disponibles, pour une raison ou une autre, ou encore ceux qui n'ont pas justifié leur réputation. Au MOC, c'est évidemment l'inverse. Le club a énormément investi. «A la demande de l'ancien entraîneur, nous avons procédé au recrutement de onze nouveaux joueurs, en remplacement de onze éléments libérés. Nous avons opéré d'une manière scientifique en retenant un joueur de chaque poste et en renouvelant dans le même profil avec option pour quatre joueurs supplémentaires ; à vrai dire des jeunes puisés dans des clubs des divisions inférieures, voire dans des petites communes dans le but de tenter l'expérience de la formation. Cela a marché et ces jeunes sont en train de faire leurs preuves… C'est sûr que le recrutement durant le mercato va coûter de l'argent à l'association mais, d'un autre côté, des joueurs vont être libérés». Le seul problème qui pourrait se poser dans ce cas de figure est que l'investissement réalisé à l'intersaison ne risque pas d'être porteur au mercato. Le CSC reste la seule équipe à ne pas avoir cassé sa tirelire au cours de l'intersaison, pour la simple raison qu'elle est en butte à des tracas internes de réorganisation, notamment la tenue d'une assemblée générale. L'opération recrutement a démarré (ce qui est devenu presque une habitude) à quelques jours de la compétition et de la clôture de la période des signatures. Ce sont en général des joueurs ponctuellement sans club, indécis sur leur destination ou des valeurs non encore affirmées qui ont fait l'objet du dévolu de la direction des Sanafir, laquelle a, finalement, réalisé la bonne opération en n'investissant pas beaucoup d'argent et, dans la foulée, en redonnant leur chance à des joueurs, considérés «off side» par d'autres clubs. Mais de là à savoir combien la direction a mis pour monter une telle équipe, il faudrait être dans le secret des dieux.