Un simple carré pour dire notre ignorance, notre méconnaissance, de ce que la terre, au sens pédologique du terme, nous offre. Le carré, divisé en 16 petits carrés, contenant 16 différents types d'argile, de la noire à la blanche, en passant par tous les autres tons (ocre, jaunâtre, oranger, terre…), disposé à l'entrée du pavillon Union de la foire dessine une esquisse de l'exposition «Terres, d'Afrique et d'ailleurs», montée et présentée dans le cadre du 2ème Panaf par Yasmine Terki, architecte et commissaire de l'exposition. Il vous invite à aller à la découverte. Et c'est le cas. Un peu plus loin, des panneaux présentent les décorations qui agrémentent les maisons, les palais, les mosquées ou de simples ustensiles usuels (calebasses, plateaux,…) en terre dans différentes régions africaines : Haoussa et Bororo au Niger, Zénètes en Algérie, Kassena au Burkina Faso…). Lignes brisées ou ondulées, triangles, losanges, étoiles reviennent dans presque toutes les décorations qui se distinguent par des signes, motifs floraux (Zénètes) ou des représentations d'animaux, d'armes (cimeterres) ou de figures divines (Kassena).Ces panneaux, comme les jarres en terre blanchâtre disposées alentour, ne sont cependant qu'une pièce du puzzle que l'exposition recompose pour nous montrer ce que nous avons perdu en nous éloignant de la terre. Dans la seconde salle, sont exposées les techniques de construction en terre. Là, c'est le procédé de fabrication des briques d'adobe (toub), plus loin une présentation de la construction d'un mur en pisé (la terre est compactée dans un coffrage en bois), en bauge (des mottes de terres sont empilées dans un coffrage) et en torchis (la terre est étendue sur un treillis en branchages placé sur une ossature en bois).Mais le clou de l'exposition est certainement cette multitude de photos qui illustrent non seulement la beauté architecturale de la terre, mais également l'étendue de son usage. De l'Ouzbékistan à l'Australie, en passant par l'Inde, les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, l'Espagne, en plus des pays africains et arabes, l'argile a sa place dans la construction de maisons, palais, hôtels, universités... En plus de l'esthétique, l'argile a des caractéristiques acoustiques et thermiques qui en font un matériau de première qualité et, de plus, à moindre frais. L'argile est disponible partout et les procédés ainsi que techniques de construction en terre sont faciles à reproduire et à utiliser. Des façonneuses de briques en terre, qui ressemblent aux machines de fabrication de parpaings, sont d'ailleurs exposées dans une des salles.Ainsi, rien n'empêche l'adoption et la généralisation de l'argile comme matériau de construction en Algérie. L'exposition le montre et le démontre. On a l'argile et on connaît les procédés de construction, ne manque au tableau que le bon sens qui nous amènerait à faire bon usage de ce que la terre nous offre si gracieusement. Le ministre de l'Urbanisme, les architectes et les particuliers, qui rêvent de bâtir une maison à moindre frais, devraient visiter l'exposition «Terres, d'Afrique et d'ailleurs» pour s'en convaincre. H. G.