Le sport algérien a, encore une fois, raté le coche à Pescara (Italie). La forte délégation de 118 athlètes, qui a représenté les couleurs nationales aux 16es Jeux méditerranéens, a passé complètement à côté de son sujet. Depuis les JM de Tunis (2001) en passant par ceux d'Almeria (Espagne 2005), nos capés ont cédé plusieurs places au classement général. Avec une maigre moisson de 17 médailles (2 en or, 3 en argent et 12 en bronze), l'Algérie a nettement régressé pour occuper le 14e rang à l'échelle méditerranéenne. Beaucoup plus efficace, la délégation tunisienne, composée de 81 sportifs seulement, a récolté pas moins de 37 médailles (13 en or, 11 en argent et 13 en bronze). Nos voisins de l'Est, devançant les pays arabes participants, s'adjugent la 6e place avec beaucoup de brio. Les Egyptiens et les Marocains -même s'ils sont en recul, eux aussi- ont réussi à limiter partiellement les dégâts en s'accrochant à la 7e et à la 10e place respectivement. Cette décevante participation algérienne était, en fait, prévisible. La qualité de la sélection, les conditions de préparation des athlètes qualifiés, l'anarchie qui règne au sein de la quasi-totalité des fédérations sportives, et les manœuvres qui secouent encore le Comité olympique algérien (COA) sont autant de paramètres défavorables au développement de nos potentialités sportives. Tous les spécialistes sont, en effet, unanimes à plaider pour plus de rigueur dans les opérations de sélection et de qualification des athlètes. La performance et le sérieux doivent absolument prévaloir sur les sautes d'humeur et les affinités personnelles. En guise d'illustration, on doit citer, à ce propos, le cas de la judoka Soraya Haddad qui a brillé par son absence lors de ce rendez-vous méditerranéen de Pescara. Médaillée olympique, Haddad a déclaré forfait pour une puérile histoire d'incompatibilité d'humeur avec son sélectionneur. Il ne s'agit pas d'un cas isolé. Des enfantillages de même nature existent aussi dans les autres disciplines où des sportifs potentiellement «médaillables» n'ont pas été retenus ou ont préféré, pour des raisons similaires, ne pas y prendre part. Le professionnalisme fait effectivement défaut à nombre de sélectionneurs et d'athlètes. La préparation a manqué également de rigueur et de sérieux. Les compétitions internationales ont atteint un niveau de performance qui exige un frottement permanent avec les meilleurs. La qualité des stages bloqués et le niveau technique des tournois de préparation définissent, a priori, les chance de succès de n'importe quel concurrent. A ce sujet, nos athlètes n'ont pas évolué dans les meilleures conditions possibles. Il est vrai qu'au moment où d'autres sélections peaufinaient leurs entraînements et organisaient des tournois de haut niveau, nos responsables fédéraux étaient occupés dans les sordides manœuvres qui ont précédé la réélection contestée du COA. La gestion approximative, et à la limite douteuse, de ces fédérations appelle des décisions courageuses à travers l'implication des véritables sportifs, et un meilleur contrôle de la tutelle qui reste curieusement en retrait. Il s'agit d'assainir le mouvement sportif de tous les opportunistes et les apparatchiks qui s'engraissent sur son dos. Aujourd'hui plus que jamais, les grand-messes du sport mondial, comme les jeux Olympiques, les Championnats du monde, les jeux méditerranéens ou les Jeux africains, réunissent les meilleurs compétiteurs qui y viennent pour gagner, rien que pour gagner. Les participations algériennes à ces grands rendez-vous internationaux sont, désormais, décevantes. Les échecs et les contre-performances enregistrés ces dernières années ont considérablement terni l'image du sport algérien comme en témoigne la médiocrité des résultats obtenus. Nos bilans sont visiblement décroissants. On a beaucoup de mal à préparer une relève digne qui prendrait la succession de grands champions comme Morseli, Boulmerka, Soltani, Guerni, Merrah, Seyyaf, Haddad et tant d'autres encore. La moisson de Sidney 2004 était bien meilleure que celle de Pékin 2008. Barcelone, c'était encore mieux que Sidney. Nos espoirs pour les jeux de Londres sont incertains. L'athlétisme, les arts martiaux, la boxe ou les sports collectifs, toutes les disciplines sont en nette régression. L'Etat consacre pourtant des budgets colossaux au sport. De la peu enviable 9e position occupée aux JM d'Almeria en 2005, nous passons aujourd'hui au 14e rang à Pescara. Les responsables de cette descente aux enfers doivent céder leur place à d'autres. Leur échec est patent. Ils doivent conséquemment admettre leur incompétence pour le bien de tout le monde. K. A.