Vieille de 3,2 millions d'années, Lucy, la mère de l'humanité est à Alger. Ou, du moins, des fragments de son squelette. Lucy est exposée au musée du Bardo dans le cadre du Panaf. Le festival africain offre une occasion exceptionnelle aux Algériens de voir de près Lucy, le plus vieux squelette humain. Occasion parfaitement saisie. Une fois n'est pas coutume, les visiteurs affluent en grand nombre au musée du Bardo pour voir les 52 ossements de l'ancêtre de l'humanité. Emotion et fierté chez les personnes rencontrées, en majorité de jeunes étudiants mais aussi des parents avec leurs enfants, des étrangers... Le musée connaît en cette chaude journée une affluence peu ordinaire. Les lieux sont empreints d'une certaine magie. Lucy y est certainement pour quelque chose. Le célèbre squelette découvert en 1974 par une équipe internationale de chercheurs dans la région de l'Afar, dans le nord-est de l'Ethiopie a réussi à attirer une foule de monde. Depuis son inestimable découverte, Lucy a été soigneusement conservée dans une chambre forte climatisée au Musée national d'Ethiopie et n'en a été sortie que pour des recherches scientifiques et seulement pour une exposition aux Etats-Unis. Alger est donc la deuxième escale de Lucy, hors d'Ethiopie. Le regard pétillant et le visage plein de vie, Zahia, une jeune étudiante de Constantine, ne cache pas son émotion devant le précieux et si fragile squelette : «C'est impressionnant d'accueillir Lucy chez nous» dit-elle. «Dire qu'elle n'a quitté sa terre natale [Éthiopie] qu'une seule fois de son histoire». Ses copines sont du même avis. Pour Randa, Mounira et Amira, «ce sont des moments rares que l'ont ne vit pas souvent. C'est fascinant ! C'est aussi l'occasion pour nous de voir Tin Hinan, reine mythique des Touareg et figure légendaire. Son squelette est plus complet que celui de Lucy». Fan de musées, nos jeunes étudiantes avouent avoir déjà fait le tour des espaces culturels où sommeille toute une histoire. Les groupes d'étudiants continuent à affluer. Animés du même intérêt pour l'exposition peu commune. Deux jeunes universitaires, friands eux aussi de ce type d'événements, marquent une halte prolongée devant Lucy. Ce sont des habitués des musées, (Cherchell, Tipasa…). Les visiteurs se succèdent. Pas seulement les étudiants. Lucy est certainement une occasion incontournable à ne rater sous aucun prétexte. C'est le cas pour Farida Aït Hamou, géologue. Thomas et Stephan, deux Français en visite au Bardo, sont, eux aussi, impressionnés. Ils estiment que ce Festival panafricain est particulier dans la mesure où il nous a permis de voir quelque chose d'aussi inaccoutumé qu'on ne voit qu'une fois dans la vie, à savoir Lucy. Le squelette suscite une réelle réaction émotionnelle qui va au-delà de son importance scientifique. «J'ai eu la chair de poule quand je l'ai vu», lâche Samia. «Il fallait que l'ancêtre de l'humanité soit une femme, ‘chah' pour les hommes !», raille-t-elle. «C'est une chance inouïe que nous avons là. Ce n'est pas toujours qu'on a l'opportunité d'assister à un tel événement», nous confie-t-elle. On vient aussi de loin rien que pour ça. Comme c'est le cas pour el hadja Djamila, de Bordj el Kiffan. Le regard étincelant, cette passionnée d'archéologie, mère au foyer, n'a pas hésité à sortir de chez elle sous un soleil de plomb et à prendre le bus pour voir Lucy au musée du Bardo : «J'adore les musées, depuis que j'étais toute petite», dit-elle tout simplement. Rappelons que l'accès au musée du Bardo est au prix symbolique de 20 dinars. «L'exposition de Lucy a assurément boosté le taux de fréquentation du musée du Bardo», nous a révélé Asma Aroua Maiza, architecte et chef de département de l'animation et de la documentation de ce musée, dont la direction annonce une bonne nouvelle pour le public. Ce dernier a pu, depuis vendredi dernier et pourra, jusqu'au 20 août prochain, voir Lucy, c'est-à-dire bien au-delà de la clôture du Panaf. Le musée est ouvert tous les jours de la semaine, de 10 heures à 18 heures, même les vendredis à partir de 14 heures. Devant la forte affluence du public, la direction du musée a ouvert exceptionnellement le samedi, habituellement jour de fermeture. A. B.