Au fur et à mesure que le temps passe, les langues se délient sur les pratiques sauvages de l'armée israélienne lors de la sanglante agression qui a visé la bande de Ghaza en janvier dernier. Après le rapport d'Amnesty International, des témoignages de soldats israéliens viennent confirmer que des civils palestiniens ont été utilisés comme boucliers humains. C'est l'ONG israélienne de soldats vétérans «Breaking the Silence» qui révèle, dans un rapport publié hier, que ces pratiques sont acceptées au sein de l'armée de l'Etat hébreu. Et que cela a conduit à «une atmosphère permissive dans la structure de commandement qui a permis aux soldats d'agir sans contraintes morales». Ce rapport est basé sur les témoignages anonymes de trente soldats engagés dans l'agression contre la bande de Ghaza qui a eu lieu du 27 décembre au 18 janvier derniers. Selon l'ONG, l'action s'est traduite par la destruction de centaines de maisons et mosquées sans que cela ait d'objectif militaire. L'emploi de bombes à phosphore en direction de zones habitées, la mort de victimes innocentes tuées avec des armes légères et la destruction de propriétés privées ont été autant d'«œuvres» de l'armée coloniale israélienne. Parmi les témoignages figure celui d'un soldat qui raconte comment les civils étaient utilisés comme boucliers humains. «Les soldats israéliens entraient dans un endroit en plaçant le canon du fusil sur l'épaule d'un civil palestinien avançant dans une maison et s'en servant comme bouclier humain.» «L'objectif était de mener une opération sans même se demander quel serait le prix pour l'autre côté», a affirmé l'un d'eux. «Les témoignages prouvent que la manière immorale dont la guerre a été menée était due aux systèmes en place et non aux soldats individuellement», a affirmé Mikhael Manekin, de «Breaking the Silence». C'est la deuxième fois que l'armée israélienne est confrontée à des mises en cause venant de ses propres rangs après l'agression contre la population palestinienne de Ghaza. En mars, des soldats avaient ainsi révélé que des civils palestiniens sans défense avaient été tués durant l'offensive. Des révélations restées sans suite, l'Etat d'Israël jouissant d'un statut particulier sur le plan du droit international. Plusieurs ONG, dont des israéliennes, réclament une enquête indépendante sur la sale «guerre» de Ghaza. Début juillet, un rapport publié par Amnesty International a accusé l'armée israélienne de «crimes de guerre», affirmant que l'armée israélienne n'avait pas «distingué entre cibles civils et militaires» et s'était servie de civils, y compris d'enfants, comme «boucliers humains». L'agression israélienne a fait plus de 1 400 morts et 5 000 blessés palestiniens et des destructions incommensurables dans la bande de Ghaza. Une tuerie rendue possible par le silence complice de la «communauté internationale». M. B.