L'armée israélienne a mis en oeuvre toutes ses potentialités militaires. Commencée par une attaque terrestre dans la nuit de mardi à mercredi contre le sud de la bande de Ghaza, l'offensive militaire de l'armée israélienne s'est poursuivie dans la journée d'hier par des bombardements d'objectifs civils et économiques à Ghaza. C'est ainsi que l´aviation israélienne a mené dans la nuit de mardi à mercredi un raid contre la principale centrale électrique de la bande de Ghaza plongeant la ville du même nom dans l'obscurité. Des missiles ont frappé la station de production électrique située dans le camp de réfugiés de Nousseïrat, Israël frappant par là même un camp où se trouve une concentration de personnes, visant de toute évidence à faire le plus de victimes parmi la population et de dégâts dans l'infrastructure économique et industrielle de Ghaza. Un porte-parole de l‘armée israélienne a indiqué hier que «cette attaque s´inscrit dans le cadre des opérations en cours dans la bande de Ghaza pour obtenir la libération du militaire enlevé». Commencée dans la nuit de mardi par des attaques terrestres, l'offensive israélienne s'est accentuée hier à l'aube par des bombardement d'objectifs palestiniens (civils et économiques). L'armée israélienne s'est, par ailleurs, positionnée dans l'aéroport de Rafah, où des blindés israéliens ont pénétré violant de la sorte le territoire de la bande de Ghaza. Le moins qui puisse être relevé est que cette attaque contre Ghaza est totalement démesurée par rapport à l'objet qui la motive : libérer un soldat israélien capturé par des résistants palestiniens. En effet, à la limite, le caporal israélien enlevé, Gilad Shalit, entre dans la catégorie des prisonniers de guerre, auxquels s'appliquent en l'occurrence les Conventions de Genève pour ces cas de figure, et ne peut, en tout état de cause, être assimilé à un otage, qui s'applique uniquement aux civils, comme le fait avec complaisance la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner qui a appelé hier, à partir de Moscou, où elle assiste à une conférence internationale sur la drogue, à la libération de «l'otage» sans dire ne serait-ce qu'un mot sur la disproportion de l'attaque militaire israélienne contre la bande de Ghaza, laquelle met en danger, outre la vie du soldat israélien, celles de milliers de Palestiniens. Mme Ferrero-Waldner a dit que «l´otage doit être libéré immédiatement», qui ajoute «nous comprenons leur colère (des Israéliens)» et appelle toutefois Israël «à agir avec prudence». Que vise l'attaque massive contre la bande de Ghaza? En tout cas pas à préserver la vie du soldat capturé comme l'affirme Amos Gilad, conseiller politique du ministère israélien de la Défense qui indiquait à la radio israélienne: «Notre objectif principal est de ramener ce soldat chez lui sain et sauf». Or, on ne mobilise pas une armée avec tout un armement de guerre juste pour libérer un simple soldat. De son côté, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé hier qu'il va «user de moyens extrêmes» pour libérer le soldat capturé dimanche (dans le sud d'Israël) lors d'une opération de la résistance. Ehud Olmert a dit à ce propos -déclaration rapportée par la radio israélienne- «Nous sommes décidés à user de moyens extrêmes pour ramener chez lui Gilad (Shalit-le soldat enlevé), et n´avons pas l´intention de réoccuper la bande de Ghaza».Or, cette politique qui, encore une fois, favorise la manière forte met en danger la vie du soldat israélien, qu'elle prétend faire libérer, et celle du colon israélien enlevé hier en Cisjordanie. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a condamné cette offensive militaire israélienne contre Ghaza, a assimilé cette attaque à «une punition collective» après la destruction notamment de la centrale électrique de Ghaza et d'infrastructures civiles palestiniennes. Observant ici l'assourdissant silence de la «communauté internationale» qui, jusqu'au moment où nous rédigeons ces lignes n'a pas réagi à la dévastation délibérée par l'armée israélienne des équipements économiques et industriels d'un territoire réduit, par le bouclage permanent israélien, à une pauvreté extrême. Selon le porte-parole de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeïna, «le président Mahmoud Abbas condamne l´agression israélienne et considère que cette agression contre des cibles et des infrastructures civiles est une punition collective contre le peuple palestinien» qui souligna, d'autre part, que «le président Abbas, qui poursuivait dans le même temps ses efforts au cours de la nuit jusqu´à ce matin (hier, pour sortir de la crise), a été surpris par cette escalade violente qui n´a d´autre but que de détruire la vie quotidienne du peuple palestinien». De son côté, le vice-Premier ministre du gouvernement de Hamas, Nassereddine al-Chaer, tout en appelant la résistance à ne pas tuer le soldat israélien a dit que «la vie du soldat dépend de la décision du gouvernement israélien» de poursuivre ou de cesser son offensive lancée hier avant l´aube dans la bande de Ghaza, indiquant: «Nous avons demandé aux ravisseurs du soldat de préserver sa vie et de bien le traiter. Dans le même temps, nous avons demandé à la communauté internationale et au Conseil de sécurité des Nations unies, de stopper l´escalade israélienne et préserver la vie des Palestiniens». Aucun bilan des pertes humaines n'était disponible hier, quoique les dégâts matériels semblent importants avec, notamment, la destruction de la centrale électrique de Ghaza.