La mise en application de l'article 31 bis de la révision constitutionnelle, intervenue le 12 novembre dernier, semble donner beaucoup d'idées. En effet, la commission mise en place par le garde des Sceaux, sur instruction du président de la République (le 8 mars dernier), a achevé l'élaboration de l'avant-projet de loi organique sur la promotion des droits des femmes en politique et garantir sa présence dans l'ensemble des institutions élues. Parmi les propositions contenues dans le document, outre l'adoption du système de quota de 30% et les candidatures alternées (1 femme, 1 homme), il est une disposition pour le moins choquante et à la limite de l'outrance. Et c'est un membre de cette commission qui l'a rendue publique mardi dernier au forum d'El Moudjahid. Nouria Hafsi, secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes a, en effet, annoncé l'introduction d'un article disposant que l'Etat encouragera les partis politiques qui se conformeraient au système du quota à 30% par l'octroi d'une aide financière. Si cette disposition venait à être entérinée par les pouvoirs publics elle n'aurait pas d'autre qualification que de la corruption politique. S'il est admis aujourd'hui par tous que le système des quotas est un mal nécessaire, même s'il est par essence antidémocratique, il va sans dire qu'il échoit aux partis politiques qui se réclament de l'égalité et des droits de l'Homme de faire en sorte que leurs militantes figurent sur leurs listes électorales et en bonne place. Inclure une disposition juridique, de surcroît dans une loi organique (censée préciser le texte suprême du pays) qui s'apparente à de la corruption, reviendrait plutôt à encourager les partis politiques à favoriser la quantité et non la qualité. L'on assistera alors à une floraison de femmes candidates qui ne seraient rien d'autre que des femmes alibis, pourvu que l'on encaisse de l'argent et que l'on grossisse le chiffre des comptes bancaires des formations politiques. Alors que d'aucuns savent que les véritables obstacles auxquels sont confrontées les femmes qui veulent entrer dans a vie politique sont beaucoup plus liés à leur statut juridique, d'une part, (code de la famille) et à l'existence d'un environnement social qui découragerait plus d'une à activer dans n'importe quel secteur, y compris syndical. Il y a aussi les mentalités qui, dans certaines régions du pays, (pas toutes heureusement) voient très mal une femme se mêler de questions réservées exclusivement aux hommes. Dans ce cas de figure, c'est un travail de sensibilisation qui doit se faire. Il s'agit également de vulgariser les textes juridiques en faveur des femmes et faire en sorte qu'elles soient appliquées. Donner de l'argent aux partis pour placer des femmes candidates, outre que c'est de la corruption politique, c'est de la dilapidation de deniers publics. F. A.