La variété et l'originalité, tel était le slogan de la soirée de samedi dernier à l'auditorium de la radio, qui, durant toute la durée du Panaf, a connu une activité monstre encourageant les mélomanes à se déplacer en masse. Pour l'avant-dernière soirée après des moments inouïs de pur jazz, c'était au tour d'autres styles de s'inviter sur scène. Les gens qui n'étaient pas au courant du programme ont eu droit à deux belles surprises. Face à une salle bondée, l'animatrice rejoint la scène pour annoncer l'arrivée d'invités inattendus mais qu'on se fait toujours une joie d'accueillir. Il s'agit des artistes touaregs venus spécialement de Tamanrasset pour une représentation de l'imzad, un instrument monocorde ancestral typiquement féminin. Aldja et deux autres femmes accompagnées d'un homme au chant montent sur scène. Assis en tailleur, le groupe ne tarde pas à accrocher son public. L'imzad laisse monter ses premières notes. Le son semblable à celui du violon mais en plus grave est envoûtant. Il accapare très vite l'attention du public qui s'imprègne de l'ambiance mystique. La voix douce et virile du chanteur nous transporte en plein cœur de la vie saharienne. Le groupe entame son second morceau sous les encouragements des spectateurs mais, hélas, le timing prévu pour eux les arrêtera en plein milieu. Le second groupe à rejoindre la scène est un groupe africain composé de deux musiciens, en l'occurrence le guitariste et le batteur. Les artistes entament leur show dans la pure tradition des griots africains. Sur fond de musique, ils content des histoires. Les personnages sont attachants, il s'agit de Baba l'araignée et de Kunda la tortue. Deux amis dont la vie quotidienne est pleine d'aventures. Les spectateurs sont charmés. Ils se prêtent même aux jeux proposés par les artistes et chantent en chœur avec eux. Les refrains accrocheurs s'enchaînent et l'humour taquin du guitariste déclenchera de grands rires dans la salle. Le public en redemande et les artistes s'exécutent. Ils apprendront même aux spectateurs quelques mots en bamada avant de quitter la scène sous une avalanche d'applaudissements. Mission accomplie, ils ont conquis le cœur des Algériens. Après ces deux délicieuses surprises, l'invité principal rejoint enfin la scène. Surnommé le génie frappeur, le batteur camerounais Brice Wassy apparaît enfin, à la main un instrument qui ressemble au ngoni. Il joue son premier morceau, l'enregistre puis utilise la chambre écho pour faire tourner le morceau en boucle. Durant les minutes qui suivent, le public sera perdu face à cette prestation. C'est là que Brice fait appel à son groupe constitué de sept membres. On citera, entre autres, Matias Bertrand à la batterie, Princesse Lise à la basse et Elizabeth à la flûte. Le groupe entame une entrée très funky, rythmée et disjonctée. Le public plonge dans le bain et se laisse guider par la musique. Brice revient, avec son incroyable énergie, pour un drum solo à couper le souffle. Il marque une pause et déclare qu'il avait «joué ce morceau Tchokola avec Jean-Luc Ponty, le grand violoniste français». Le public est flatté. Mais ce que le public ignore, c'est que Brice Wassy a également côtoyé d'autres bêtes de la musique à l'instar de Don Cherry, Miriam Makeba, Salif Keita et Manu Dibango. Déjà 23h. Mais le spectacle ne fait que commencer. La preuve, Brice n'a fait que servir un apéritif au public, il enchaîne avec un second morceau plus jazz cette fois surtout lorsque la saxophoniste blonde met son grain de sel pour un solo endiablé. Le public est ébloui par la prestation. Les sons des différents instruments se croisent et forment un mélange harmonieux. Dans la musique de Wassy, il y en a pour tous les styles, de la funk, du reggae, du jazz et de l'afro beat. Bref, un spectacle grandiose. W. S.