Finie la morosité à Oran. Après le Panaf, El Bahia s'apprête à accueillir la troisième édition du Festival du film arabe tandis que celui de la chanson oranaise est prévu pour le mois de Ramadhan. La soirée de clôture du Panaf 2009 à Oran a été à 100% raï, un raï interprété par Faudel, l'invité surprise. En plus de ses chansons, l'enfant de la Cité a fait appel au large répertoire de Cheb Khaled, le King. La part du Panaf qui est revenue de droit aux habitants d'Oran a été cette large variété de la scène musicale. Après qu'ils aient, longuement, déploré la mort «programmée» de l'animation culturelle et artistique locale, les Oranais ont, à l'occasion du Panaf 2009, été invités à goûter aux délices des mystères de la culture du continent africain, agrémentée d'un décor algérien. En effet, les Oranais ont renoué avec les festivités nocturnes. L'Afrique a pu réunir tous ses enfants dans sa plus grande commune, Oran. En effet, les troupes venues de Zambie, d'Egypte, du Sénégal et du Zimbabwe ont admirablement étalé leurs us et coutumes accompagnés de gestuelles, à la fois enchanteresses et envoûtantes. Autant d'acrobaties mystérieuses et de chants accompagnés d'instruments typiquement africains, ont été exécutés avec brio. Le podium du Théâtre de verdure Hasni-Chakroune a, pendant dix jours, vibré sous les tam-tams, kora et autres instruments musicaux dont seuls les Africains détiennent le secret. Il convient de signaler que la musique moderne africaine n'a rien à envier à celles européenne ou américaine. Dix jours de shows ininterrompus ont permis aux Oranais de voir, en chair et en os, des stars mondiales. En effet, les Magic Système ont ouvert le bal tandis que Rey Lema a achevé l'oeuvre. L'Afrique a été dans tous ses états. D'aucuns ne se doutaient d'un tel exploit ni d'un tel niveau de maturité artistique atteint par les chanteurs africains qui rivalisent et bousculent les stars mondiales. Ils viennent du Mali, du Congo-Kinshasa, de la Côte d'Ivoire et de la Guinée. Ils ont chanté le blues, le jazz et le rap enflammant les soirées d'El Bahia aux rythmes africains. Au deuxième jour du Panaf, les Magic System et l'Afro-Américain Big Ali ouvrent, pompeusement, le bal. Ils ne sont pas méconnus. Pour leur grand show, malgré le trac, ils sont entrés de plein fouet dans le bain plongeant le public dans une ambiance d'hystérie jamais connue auparavant. «Ils l'ont fait et réussi.» Le chef de file des Magic Système n'est pas venu badiner. Dans une déclaration à L'Expression Salis Traoré a annoncé la couleur en faisant un aveu. «L'Afrique n'a pas beaucoup de festivals, il faut encourager le Panaf pour qu'il soit un exemple...», a-t-il affirmé ajoutant qu'il faut entreprendre ce genre d'initiatives en Afrique. Le Théâtre de verdure est allumé. Les prémices du grand brasier sont perceptibles. Tous les clignotants étaient au rouge lorsque Big Ali a mis le feu. Pour leur part, les vieux routiers de l'art africain se sont mis de la partie. «La vieillesse sait et peut tout faire», un adage qui s'applique à la terre, sur les infatigables Mory Kanté de la Guinée et Salif Keita du Mali. Ces deux indissociables des grands événements planétaires n'ont pas eu à pas trop se démener pour enflammer le Théâtre de verdure. Malgré leur âge avancé, ces deux stars ont, désormais, laissé une trace mémorable de leur passage à Oran. La grande oeuvre artistique a été achevée par le Congolais Rey Lima qui a bercé les présents sous les airs du rock accordés au verbe et touche africains. La musique algérienne n'était pas en reste. Elle était présente dans toute sa variété. Au verbe cru et sans ambages, le Double Canon de Lotfi a ouvertement tiré sur tous les maux de la société qui continuent à terrasser l'Algérien dans son quotidien rappelant, ainsi, les grandes rencontres mondiales. Belaïd Branis ou encore la descendance directe des Abranis n'a pas fait dans le détail pour subjuguer le public oranais avec sa musique électrifiée. Ce qui est spécifique et propre à cette troupe, récemment renouvelée par Belaïd, fils de Karim, célèbre vocaliste et guitariste des ex-Abranis, est cette poésie tirée du terroir national arrangée par les instruments réservés à la musique rock. Chenar le Blues di Béjaïa, Linda gardent intactes leur originalité et leur aura. Amghar ou le philosophe des causes justes n'a pas grogné, lui aussi, pour chanter l'Algérie. Lounis Aït Menguellet, discret pourtant, n'est pas passé inaperçu surtout cette fois. Encore une fois, le chanteur a immortalisé sa soif d'algérianité. Ayarach negh Lezzayer Tamourth negh...(Ô jeunes, l'Algérie est notre pays). L'Orchestre symphonique national et la Chorale de la Radio nationale Ebène sont attributaires de la note complète. Ce Panaf ne pouvait être Panaf sans la présence de ces deux éléments essentiels qui ont enrichi les plateaux. En effet, l'Orchestre national et la Chorale Ebène ont eu leur mot à dire lorsque chacun d'eux a, distinctement et dignement, présenté l'Algérie et l'Afrique à travers deux belles cartes culturelles écartant, d'un revers de main, toutes les critiques acerbes des langues qui s'étaient longuement déliées. Dans cette débauche esthétique à l'algérienne, dont l'objectif est la renaissance de la culture algérienne, les Oranais ont témoigné de cette évidence par la force de leur présence quotidienne et sans faille. Le public oranais qui a, à l'issue de chaque soirée, conforté ces acquis culturels, n'est pas resté indifférent. «Pourvu que ça dure! Espérons que cela permettra aux jeunes avides de concerts professionnels de s'exalter et ne plus se verser dans la drogue et le banditisme», souhaite Mohamed, un fidèle du Théâtre de verdure Hasni-Chakroune. Le Panaf tirant à sa fin, tous les regards sont braqués sur un autre jubilé et non des moindres, la troisième édition du film arabe dont le festival est prévu pour le mois sacré de Ramadhan. La ville d'Oran est à pied d'oeuvre pour accueillir les stars du cinéma arabe. En plus de ces derniers, Bilal et Nedjoua Karam animeront de grands shows, annonce-t-on.