Photo : Riad Par Samir Azzoug L'Ensemble du personnel algérien du bureau d'études de Vinci-construction grands projets, chargé du métro d'Alger, a présenté sa démission lundi dernier. Quinze architectes et ingénieurs en génie civil, «le noyau du bureau d'études», ont manifesté ainsi, leur ras-le-bol quant aux traitements que leur font subir les responsables de cet entreprise française. Les raisons de la colère sont multiples et imbriquées. Elles sont essentiellement liées au non-respect par l'employeur du code du travail en vigueur en Algérie et des conditions de travail jugées «humiliantes» par les personnes concernées qui se sont rapprochées de notre rédaction. «L'administration a refusé de m'accorder mon congé annuel prétextant la surcharge de travail et les délais à respecter. Résultat : cela fait deux ans que je n'ai pas pris de congé», dénonce un des architectes. Et un autre membre du collectif de renchérir : «On est forcé de travailler tous les jeudis, pendant au moins quatre heures sans être réellement indemnisés». Sur ce dernier point et la manière dont sont rétribuées les heures supplémentaires, nos interlocuteurs affirment que c'est le flou le plus total : «Pour approcher l'administration et s'expliquer, c'est le parcours du combattant. Et quant on y arrive, on nous explique que cela est intégré dans les primes. Mais à la vue de la fiche de paye, on se rend compte que ces primes sont dérisoires.» Pourtant, la législation algérienne est claire sur ces volets. Dans le code du travail algérien, il est stipulé à l'article 39 que «tout travailleur a droit à un congé annuel rémunéré par l'employeur». Article 32 : «Les heures supplémentaires effectuées donnent lieu au paiement d'une majoration qui ne peut en aucun cas être inférieure à 50% du salaire horaire normal.» «Quand on réclame nos droits, nos responsables nous répondent crument : “si cela ne vous plait pas démissionnez !”, déplore un jeune ingénieur en génie civil. La goutte qui a fait déborder le vase, selon nos interlocuteurs, c'est le sentiment de mépris qui caractérise les relations entre responsables et employés, «particulièrement pour nous autres Algériens», attestent-ils. «Insultes et humiliations sont devenues notre lot quotidien. A chaque fois qu'un nouveau responsable débarque –quatre responsables se sont succédés en moins de deux ans-, les relations se détériorent d'avantage. Le dernier en date, à peine installé dans ses nouvelles fonctions, instaurera un rythme de travail infernal, insoutenable. Pas de discussions dans le bureau, sortie de secours condamnée, les ordinateurs ont été disposés de telle manière qu'on doit faire face au mur, insultes, intimidations, ce responsable ne lésine sur aucun moyen pour nous pourrir la vie». Interrogé sur leurs attentes, les représentants du collectif des démissionnaires attestent qu'ils n'espèrent rien. «On veut simplement avertir l'opinion publique sur ce qui se passe sur le chantier du métro d'Alger. A cause de cette démission collective, le bureau d'études prendra au moins un mois de retard sur le projet. Mais, apparemment, les responsables n'en font pas cas, puisque la démission a été acceptées sans qu'on soit reçu». Rappelons que le bureau d'études Vinci-construction a remporté le contrat du métro d'Alger en janvier 2006. D'un montant de 380 millions d'euros, le contrat d'une durée de 35 mois, prévoit l'aménagement de 10 stations de métro (ligne I), la réalisation d'un bâtiment technique, d'ateliers techniques liés au désenfumage, à la ventilation et aux escaliers. Le 5 juillet dernier, un essai technique préparatoire du métro d'Alger a été effectué en présence du ministre des Transports M Amar Tou. «Aucun ingénieur ni architecte algérien travaillant pour ce bureau d'études n'a été convié à cet évènement», déplore le collectif.