Les pays de la bande sahélo-saharienne se décident, enfin, à compter sur eux-mêmes et à conjuguer leurs efforts pour promouvoir la paix, la stabilité et la prospérité de cette région extrêmement sensible. Outre le règlement politique des conflits ethniques qui agitent périodiquement ce vaste territoire désertique, les Etats limitrophes viennent de mettre en commun leurs moyens militaires et de renseignement pour une meilleure coordination de la lutte contre le terrorisme. L'Algérie, la Libye et le Mali, après une série de consultations en haut lieu, se sont finalement entendus à œuvrer de concert pour démanteler les réseaux terroristes d'Al Qaïda qui, profitant des antagonismes nationaux et régionaux, tentent depuis quelques années d'asseoir leur tyrannie sur cette zone frontalière. Trafic d'armes et de drogue, contrebande, enlèvements de touristes étrangers et attaques récurrentes de postes avancés des armées régulières, la nébuleuse terroriste s'emploie également à exacerber les rébellions locales dans des pays comme le Niger, le Tchad ou le Mali. La médiation réussie de l'Algérie dans la résolution du conflit opposant le mouvement touareg de l'Alliance démocratique et les autorités centrales de Bamako a indéniablement ouvert la voie à cette collaboration sécuritaire des Etats voisins. Ce succès diplomatique a, du même coup, rasséréné les rapports entre Tripoli et Bamako. Les rebelles touareg, qui connaissent parfaitement cette zone, se sont engagés, dans la même foulée, à mettre leurs forces au service de ce front anti-terroriste. C'est un développement de taille qui permettra certainement à cette coalition naissante de localiser avec précision les repaires des djihadistes d'Al Qaïda. Cette nouvelle stratégie sécuritaire a été esquissée au cours du 13ème sommet de l'Union africaine qui s'est tenu à Syrte (Libye) au début du mois de juillet. Le conseil de paix et de sécurité de l'UA s'était, alors, clairement positionné contre «les payeurs de rançons» qui renflouent épisodiquement les caisses des terroristes. «Les efforts pour instaurer la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent doivent être renforcés par des stratégies de prévention, de gestion et de règlement des conflits beaucoup plus efficaces», avait déclaré Jean Ping, le président de la commission de l'UA. Le président algérien avait, à l'occasion, beaucoup insisté sur «la nécessité d'une concertation et d'une stratégie commune résolue» pour combattre le désastre terroriste. Dans son allocution devant ses homologues africains à Syrte, Abdelaziz Bouteflika avait nettement souligné les périls encourus par l'ensemble de la région du fait du terrorisme qui, a-t-il prévenu, «voudrait y trouver un espace privilégié de redéploiement à travers les phénomènes que ce fléau génère en termes de propagation des diverses formes de la criminalité internationale, y compris le recours à un marché des rançons de plus en plus utilisé comme moyen de financement d'activités déstabilisatrices». Le président malien, Amadou Toumani Touré, et le guide libyen, Mouammar Kadhafi, appuient ainsi cette stratégie commune qui est, aussi, de nature à couper court aux initiatives des puissances étrangères qui veulent y établir des bases militaires permanentes en invoquant ce même risque terroriste. L'efficacité de cette coopération anti-terroriste entre la l'Algérie, la Libye et le Mali sera déterminante dans l'adhésion des autres pays de la région, comme la Mauritanie, le Niger ou le Tchad. Le Sahel, c'est tout ça, et la lutte contre le terrorisme devrait inclure tous les pays concernés. K. A.