De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Tizi Ouzou vient de vivre deux semaines très mouvementées avec la double manifestation culturelle qui a animé les soirées de la ville et qui a permis à des milliers de familles de renouer avec les sorties nocturnes synonymes de détente et de sentiments nostalgiques. Deux bonnes semaines servies par le deuxième Festival culturel panafricain d'Alger, Panaf 2009, et le quatrième Festival arabo-africain de Tizi Ouzou au rythme de danses folkloriques, de chansons kabyles, de raï, de rock et, surtout, de jazz que des artistes algériens et africains ont offerts en toute beauté. La fête a été totale malgré les défaillances et les couacs constatés tout au long du festival (du 6 au 19 juillet), particulièrement à son début. Pour ce qui est des problèmes de sécurité et d'accueil des nombreuses familles qui se sont ruées vers le stade Oukil Ramdane de Tizi Ouzou, que la manifestation culturelle a connus durant les premiers jours du programme, les organisateurs, appuyés par les nombreux éléments de la Ligue des activités de plein air et de loisirs pour les enfants et les jeunes (LAPALEJ), ainsi qu'un nombre important de policiers, ont pris des mesures de façon graduelle pour améliorer l'organisation et empêcher les débordements et la débandade. Il est vrai que, malgré toutes ces mesures, la perfection n'a pu être atteinte, les responsables du festival ayant cru acheter la paix en remettant des badges d'organisateurs à des énergumènes censés œuvrer pour le bon déroulement des activités alors qu'ils encourageaient la débandade et les intrusions nuisibles. Heureusement pour les centaines de familles qui faisaient le déplacement quotidiennement au stade de Tizi Ouzou, aucun incident majeur n'a été enregistré lors de ce festival, à l'exception de celui qui a eu lieu lors du gala de Lounis Aït Menguellet. Ce dernier ne sera, cependant, pas perturbé par l'incident, et les milliers de fans présents ont continué à suivre la prestation du poète kabyle jusqu'à la fin. Les mesures prises au lendemain même de cet incident ont donné des résultats dans la mesure où les couacs seront minimes. Les organisateurs du festival ont également péché par les retards accusés quotidiennement dans le lancement des soirées puisque aucune activité n'a commencé à 21h comme il était question dans le programme. D'ailleurs, les derniers artistes à se présenter devant le public à chaque fin de soirée se retrouvent généralement face à un public très peu nombreux. Sauf pour le spectacle de Mohamed Allaoua pour lequel les dix mille personnes présentes sont restées jusqu'à une heure tardive de la nuit, malgré le retard causé par une averse et un vent violent. Cela dit, les milliers, voire les dizaines de milliers de personnes qui ont fait le déplacement durant ces deux semaines au stade Oukil Ramdane ont eu du plaisir à découvrir des cultures africaines multicolores des quatre coins du continent comme le Soudan, le Mozambique, la Côte d'Ivoire et la Namibie. Les Palestiniens, les Libanais, les Syriens et les Irakiens ont complété le tableau dans le côté arabe du Festival arabo-africain de danses folkloriques, intégré pour sa quatrième édition dans le Panaf d'Alger. Une découverte mi-figue mi-raisin dans la mesure où le public, s'il a apprécié les différents spectacles des troupes venues des pays d'Afrique, ignorait superbement ce que les danses voulaient transmettre comme message et raconter comme histoire. Les organisateurs auraient pu, par exemple, mettre un petit historique des troupes et les histoires racontées par les spectacles dans des prospectus à distribuer. Cela aurait évité au public de suivre des spectacles à l'aveuglette. Surtout que, durant les secondes parties des soirées, des concerts de grande qualité ont été présentés au grand bonheur du public qui a eu droit à tous les styles de musique : kabyle, raï, rock, pop, reggae avec une domination somptueuse du jazz, sous toutes ses variétés. C'est que le Sénégalais Ismaël Lo, les Sud-Africains de Vivid Africa, les Algériens Safy Boutella et Ali Amran, les Congolais de Bana Poto Poto et l'Ethiopienne Minyeshu ont constitué de magnifiques surprises pour les mélomanes et les amoureux de la musique et des airs d'ailleurs. Cela en plus des Mohamed Allaoua et Lounis Aït Menguellet qui ont bercé tout le public présent et même les riverains qui n'ont pas fait le déplacement. Il importe de relever le bon point marqué par les organisateurs qui n'ont pas manqué de programmer des spectacles de danse et de chant en dehors du chef-lieu de wilaya, vu que les spectacles au stade Oukil Ramdane étaient programmés en soirée, donc inaccessibles à toute la population de la wilaya. Des spectacles dans pas moins de vingt localités de la wilaya avec cette particularité pour les deux villes balnéaires, Tigzirt et Azeffoun, qui ont accueilli en cette période estivale des spectacles quasi quotidiens pour le grand plaisir des populations locales et des estivants de passage. En somme, l'organisation du Festival culturel panafricain et le Festival arabo-africain de danses folkloriques à Tizi Ouzou a été une réussite malgré les couacs et autres faiblesses dans l'organisation et le déroulement. Le public de Tizi Ouzou a envie non seulement que cela devienne plus régulier (beaucoup ont peur des 40 ans qu'il y a entre le premier et le deuxième Panaf), mais aussi que les lacunes constatées soient évitées à l'occasion des prochaines éditions, notamment en matière de sécurité, de compréhension des spectacles présentés par les troupes étrangères et même nationales et de respect du timing dans la programmation. Il reste que l'habitude peut s'avérer un défaut. Après deux semaines de spectacles ininterrompus et de haute facture qui n'ont pas manqué d'animer les soirées de Tizi Ouzou en présence, notamment de centaines de familles, voilà que la manifestation est clôturée, laissant son désert nocturne et ses soirées obscures à la ville des Genêts que seul le festival a réussi à faire sortir de la torpeur.