Photo : A. lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Ce n'est certainement pas en raison d'une volonté délibérée que les responsables du secteur de la santé avec lesquels nous avons pris attache, lors de la visite à Constantine, jeudi dernier, de leur ministre, ne nous ont pas fourni de statistiques sur les cardiopathies congénitales. Ils n'en ont pas, en fait, car l'absence d'indicateurs autour des pathologies relevant des maladies cardiaques relève d'une anormale tendance à ne pas tenir compte de la continuité dans le travail, le traitement de l'information, sa conservation et d'autres éléments qui contribuent à l'établissement de statistiques. La raison ? Certainement pas un excès de pudeur et encore moins le respect de la confidentialité mais vraisemblablement le fait que les structures du secteur de la santé fonctionnent littéralement à la quantité, ses acteurs ayant pris l'habitude de ne plus répondre à la forte demande plutôt que de s'attacher à jauger l'offre. En réalité, l'ouvrage ne manque pas et la population sujette aux cardiopathies congénitales est assez importante. Selon M. Ahmed Brachia, directeur de l'EHS Riadh spécialisé en chirurgie cardiaque, «nos structures sont régulièrement confrontées à ce type de pathologie, laquelle ne se manifestait qu'à l'âge adulte, et jusqu'au début des années 1980, la médecine, en Algérie, n'avait pas encore atteint le stade actuel». Autrement dit, les moyens mais aussi les compétences ne permettaient pas de la dépister soit à la naissance, soit durant les premières années. Aujourd'hui, les cardiopathies congénitales sont détectées bien avant que le nouveau-né arrive au monde, ce qui permet une prise en charge efficiente. Car «la facture à laquelle faisait face la CNAS, pour ne pas dire l'Etat, pour les transferts à l'étranger a été nettement diminuée», souligne l'un des directeurs de l'administration d'un établissement hospitalier spécialisé vite rejoint par l'un de ses collègues. Ce dernier précisera qu'«il n'est pas exagéré de dire que les transferts actuels sont vraiment exceptionnels n'atteignant pas 5% en matière de cardiopathies congénitales. En général, ils se font dans le cadre de convention bilatérale avec un pays donné et selon des conditions bien précises comme le transfert des connaissances, du savoir». Pour M. A. Brachia, «nous citerons, non sans orgueil, le cas de l'EHS Riadh qui dispose d'un équipement de pointe qui en fait l'un des plus performants, si ce n'est le plus performant, à travers le territoire national. Nos techniciens n'éprouvent aucune difficulté à intervenir sur des patients, si compliqués que soient les cas. Certaine cardiopathies étaientconsidérées, il y a quelques années, comme faisant partie de la chirurgie lourde mais font partie maintenant de l'acte médical banal». Au cours du mois de ramadhan de l'année écoulée, l'un des chirurgiens de cet établissement réalisait effectivement une opération réputée comme une première en Algérie. Rappelons que, selon les informations officielles,«les cardiopathies congénitales sont de l'ordre de 8 cas pour 1 000 à la naissance» et leur étiologie ne serait pas connue dans leur majorité. Il n'en demeure pas moins que cette pathologie est aussi présente chez des patients d'extraction sociale modeste pour ne pas dire misérable qu'au sein des couches plus aisées.