De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Des dizaines d'habitants, victimes d'expropriation suite à la déviation de la ville d'Azazga, sur une distance de 8,5 km, se sont physiquement opposés, hier matin, au niveau de l'hôpital d'Azazga, 37 kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, au début du chantier par une entreprise privée. C'est la première fois, depuis le début du problème, qui dure depuis une année, qu'un tel face-à-face se produit après l'échec des réunions et des assemblées de confrontation et de conciliation entre le chef de daïra d'Azazga, le bureau d'études en charge du projet, des techniciens et ingénieurs indépendants, les comités de villages de la commune d'Azazga et la direction des travaux publics (DTP) de Tizi Ouzou. Sur place, hier matin, vers 9 heures, séparés par la très prisée RN 12 qui relie plusieurs wilayas du centre et de l'est d'Algérie, d'un côté, un gros engin de terrassement de l'entreprise choisie et quelques travailleurs qui patientaient sous le soleil, de l'autre, des dizaines d'expropriés, des personnes d'un certain âge en majorité, guettaient le moindre mouvement du côté «adverse». Des agents de police observaient et cherchaient l'information. Sur une plaque en bois, installée à l'attention de centaines d'automobilistes, était écrit : «Citoyens d'Azazga, non aux expropriations abusives». Une heure et demie plus tard, le chef de daïra, le directeur des travaux publics de Tizi Ouzou, un élu de l'APC d'Azazga, le commissaire de la sûreté de daïra et un personnel technique arrivent. Une réunion est improvisée sous le soleil. Une réunion qui n'aura en fait servi à rien puisque chacune des deux parties est restée campée sur sa position. Pour les représentants de l'administration, toutes les voies et recours ont été passées au crible depuis le début l'éclatement, l'an dernier, du problème, «à moins que l'on opte pour la délocalisation du projet», la seule solution pour la réalisation de la déviation de la ville d'Azazga est bien la variante du bureau d'études sélectionné par l'Etat et soumise à débat avec les contestataires. «Nous sommes allés le plus loin possible pour trouver une solution qui arrange toutes les parties en conflit, on a donné l'opportunité aux expropriés de faire valoir leurs arguments, malheureusement on n'a pas abouti à une solution qui permet d'avancer ; l'Etat paye des intérêts moratoires et nous risquons de voir le projet délocalisé ailleurs qu'Azazga, donc nous sommes obligés de commencer les travaux», nous a déclaré le chef de daïra. Les expropriés, une dizaine de familles représentant plusieurs centaines d'habitants, ont contesté la «version» du chef de daïra et du directeur des travaux publics de la wilaya, arguant que les autorités, qui n'auraient fait aucune étude valable ni informé à temps les familles concernées, refusent de prendre en compte la deuxième variante conçue par des spécialistes indépendants du domaine, proposée par leurs soins à leurs interlocuteurs lors des rounds de conciliation. Les expropriés soupçonnent les responsables locaux, «qui feignent l'ignorance des préoccupations de nos familles et la justesse de notre proposition de variante» et les mettent devant le fait accompli, d'user de «machinations» qui cachent des intérêts restreints sans lien avec ceux loués officiellement de la déviation». «Le projet de déviation a été attribué il y a longtemps, même le chef de daïra n'en a pas été informé au début ; qui décide pour qui ? Pour quoi ? », a répliqué un exproprié à la délégation des autorités de la wilaya. Un autre exproprié concentrera son argumentaire sur le nombre d'oliviers, environ un millier, qui seront massacrés, deux ou trois cimetières de martyrs de la guerre d'indépendance qui seront bannis sans compter les effets secondaires sur l'environnement d'un tel projet tout en insistant sur la nécessité de donner une autre chance à leur propre variante de déviation. Par conséquent, dans leur ensemble, les présents ont rejeté de débattre de la question des indemnisations parce que pour eux «il n'est pas question que le chantier commence». Vers 13 heures, une réunion a été improvisée sur les lieux par les expropriés pour trouver d'autres recours à leur mouvement de protestation ; une entrevue ou une action plus forte au niveau de l'APC figurent parmi les premières propositions faites sur place.