Depuis l'effondrement, à la fin de la semaine dernière, du plafond d'un appartement d'un immeuble situé au 43, rue colonel Lotfi à Bab El Oued, les habitants de la bâtisse en question vivent la peur au ventre. Et pour cause : ils redoutent que, d'un instant à l'autre, la bâtisse les abritant s'effondre. Mercredi dernier, en fin de journée, un bruit assourdissant fit sursauter les habitants. Tout le monde accourut aux balcons pour en savoir plus sur ce qui s'était réellement passé. Le plafond d'un appartement venait de s'effondrer. L'écroulement de ce dernier semble être imminent. «Heureusement que personne ne se trouvait à la maison. Ma vieille mère, habitant l'appartement en compagnie de mon jeune frère, était invitée à la cérémonie d'un mariage à Alger. Imaginez ce qui se serait passé s'il y avait eu du monde à la maison ?» s'interrogera le fils aîné (de la vieille dame en question) venu s'enquérir des nouvelles de sa mère après qu'il eut entendu la terrible nouvelle. Lors de notre visite sur les lieux, l'occasion nous a été donné de constater que les habitants vivaient dans des conditions des plus lamentables. On a du mal à croire que des familles continuent à vivre de la sorte dans la capitale. Le minimum vital pour une vie décente est inexistant. Outre les murs lézardés et fissurés, il y a lieu de relever le fort taux d'humidité, ce qui fait que l'air est irrespirable, accentué par le fait que les rayons du soleil y pénètrent rarement. A la lumière des explications qui nous ont été données par les uns et les autres, il s'avère que les déboires des habitants de cet immeuble ont commencé au lendemain des inondations qu'a connues Bab El Oued durant l'automne de l'année 2001. Ces déboires se sont exacerbés avec le séisme de Boumerdès de 2003. En dépit des appels, des écrits et des incessants va-et-vient au siège des responsables de l'APC et de la daïra de Bab El Oued, la situation des habitants n'a pas changé d'un iota. «Peut-être ne nous considère-t-on pas comme des Algériens à part entière», se demandera une jeune dame, visiblement en colère, et qui nous a certifié vivre à la belle étoile depuis six jours, elle et sa progéniture. Notre interlocutrice, que le fait d'être enceinte a rendue susceptible, nous a assuré qu'aucun des responsables sollicités n'a daigné les recevoir. «Nous avons été chassés du bureau du chef de la daïra de Bab El Oued comme de vulgaires voyous. C'est à croire que nous sommes venus demander l'aumône. Nous voulons des assurances quant à notre avenir. Notre patience a des limites. Nous ne pouvons plus continuer à vivre de la sorte», ajoutera-t-elle. Une autre personne mettra en exergue le fait que les autorités locales, conscientes du danger que ces familles encourraient, avaient placé ces dernières dans un centre de transit. «Mais notre séjour qui ne devait pas excéder quelques mois, s'est finalement étalé sur 5 longues années. Nous sommes livrés à nous-mêmes. Personne ne semble se soucier de notre sort», hurlera une dame, vivant avec son mari et ses 4 enfants dans des conditions dont le moins qui puisse en être dit est qu'elles sont humiliantes. Dénominateur commun à toutes les explications qui nous ont été données : leurs auteurs affirment que là où ils se sont rendues pour de plus amples renseignements, la même réponse leur a été donnée : «Les responsables sont en congé. Personne ne peut vous recevoir.» B. L.