De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Un peu partout à travers le pays, près de 80 jeunes personnes –des enfants, pour l'essentiel- se sont déjà noyées dans les puits, les barrages, les retenues collinaires et les rivières depuis le début de la saison estivale. Ce bilan macabre, dressé par la direction générale de la Protection civile, place la wilaya de Béjaïa en tête des régions touchées par ce phénomène. La canicule qui sévit cet été dans l'ensemble du territoire national a évidemment poussé de nombreux innocents, issus de familles démunies, à se baigner et à se rafraîchir dans toutes les réserves d'eau disponibles sans se soucier des dangers encourus. Il va sans dire que l'éloignement des points d'eau en question, souvent difficiles d'accès, complique sérieusement toute opération de sauvetage. Les maîtres nageurs de la Protection civile arrivent, presque toujours, en retard sur les lieux du sinistre. Le temps d'alerter les pompiers et la durée que ces derniers mettent pour s'y rendre, la personne en danger serait déjà morte asphyxiée par les eaux. Il y a quelques jours, un village éloigné de la commune de Barbacha a été, encore une fois, le théâtre d'un accident similaire. Une adolescente de 14 printemps a effectivement péri suite à une chute accidentelle dans un puits abandonné et couvert par la végétation. Cette collégienne en vacances scolaires, qui cueillait des fruits des bois, avait, sans faire attention, marché dans le vide pour se retrouver au fond de ce trou plein d'eau boueuse. A défaut de margelle ou d'une quelconque signalisation de ce «piège» posé à ciel ouvert, l'enfant a rendu l'âme avant même l'arrivée des secours. Les citoyens du village, qui savaient l'existence de ce puits, portent quelque part une lourde responsabilité dans ce drame. Comme cette source d'eau est hors d'usage, on aurait dû naturellement l'enterrer ou, à la limite, en clôturer l'accès. Précédemment, trois autres corps inertes ont été repêchés à travers d'autres localités de la wilaya. au début du mois de juillet, deux adolescents s'étaient noyés simultanément dans un puits au chef-lieu de la daïra Seddouk. Des mésaventures de même nature ont été signalées dans d'autres localités. Par le passé, des communes comme Tazmalt, El Kseur, Akbou ou Draa El Gaïd ont enregistré des décès de même nature. A Darguina, au moins trois collégiens se sont noyés, au cours de ces dernières dix années, dans les fameuses cascades de Kefrida. Les barrages de Kherrata, Tichy-Haff (Bouhamza) et Ighzer Ouftis (Darguina) ont également fait de nombreuses victimes à travers le temps. L'absence de personnels de sécurité et de gardiennage en nombre suffisant au niveau de ces ouvrages expose les enfants – et même les adultes- à des dangers certains. La fréquentation des plages non autorisées à la baignade a aussi fait au moins cinq morts cette année. En gros, le manque de vigilance des parents, et des citoyens de manière générale, doit être fortement souligné à ce sujet. Les pouvoirs publics (propriétaires ou gérants des barrages et autres retenues collinaires) assument aussi une lourde responsabilité pour leur défaillance manifeste en matière de prévention et de sécurisation des ouvrages en question. Les deux parties sont, aujourd'hui, interpellées pour s'acquitter correctement de leurs devoirs respectifs à ce sujet. C'est la vie de beaucoup d'innocents qui en dépend.