Ces lieux, où la baignade est formellement interdite, se sont transformés par la force des choses en « piscines » improvisées pour des centaines de jeunes vivant trop loin des plages ou n'ayant pas les moyens de s'offrir de telles sorties estivales. « Pourtant, la Protection civile n'a eu de cesse, depuis le début de la saison, de sensibiliser les riverains de ces étendues d'eau quant aux dangers encourus, car il nous est impossible de procéder à la surveillance permanente de tous ces lieux », déplore le lieutenant Bernaoui, chargé de la communication au sein de la Protection civile. Et les risques pour ces baigneurs imprudents sont réels, comme l'explique le lieutenant : « C'est de l'eau douce, parfois polluée, plus lourde et chargée de particules stagnantes. De plus, les fonds de ces bassins sont composés de boue et de vase. » Tous ces éléments font que les personnes qui se risquent à y nager le font avec beaucoup de difficultés et leurs mouvements et déplacements dans ces eaux sont lourds et ralentis. En cas de fatigue ou de détresse due à une mauvaise maîtrise de la nage, les personnes éprouvent beaucoup d'embarras à s'extirper de ces eaux et à rejoindre la rive. « Malheureusement, comme c'est le cas de plus en plus souvent, les baigneurs en difficulté n'ont pas la force nécessaire pour s'en sortir et ne pas être submergés », constate le lieutenant. Et cette faiblesse physique est d'autant plus vraie au vu des victimes. Car, tandis que la tranche d'âge des noyés en mer est de 16-40 ans, selon M. Bernaoui, les victimes de noyades en eau douce sont beaucoup plus jeunes. Ainsi, ce sont essentiellement de très jeunes adolescents, voire des enfants, puisque certains des corps repêchés étaient ceux de garçons de six ans. De plus, ces étendues d'eau se trouvant dans des recoins isolés, en rase campagne ou dans des champs agricoles, rares sont les personnes à pouvoir leur porter secours. De même, les éléments de la Protection civile ne sont prévenus et ne peuvent intervenir que trop tard. « C'est la raison pour laquelle nous appelons à plus de vigilance les parents d'adolescents vivant non loin de tels bassins, et ce, en interdisant à leurs enfants la baignade en ces lieux, ou en faisant en sorte qu'un adulte sachant bien nager les accompagnent », insiste M. Bernaoui. D'autant plus que ce phénomène macabre prend des proportions inquiétantes. L'année dernière, le bilan de la Protection civile faisait état de 176 noyades de ce type, qui avait été enregistrées durant une période de quatre mois, de juin à septembre 2008. « D'ici la fin de l'été, le nombre de ces victimes, comparativement à l'année dernière, sera certainement doublé, si ce n'est plus », prédit le lieutenant.