L'architecte Ouiza Abdat lance l'idée fort intéressante de construire un musée en Kabylie. Un musée «vivant» qui raconte l'histoire, la culture, les traditions de la région… et avec elle, celles de toute l'Algérie. Elle choisit la localité d'Ifigha, dans la daïra d'Azazga, wilaya de Tizi Ouzou. Le choix s'est porté sur cette petite commune pour une raison toute simple : il y a un lien affectif entre les deux parties. «Je suis née en Kabylie et j'y suis très attachée. Je suis attachée à toute l'Algérie», affirme l'architecte, lors d'une conférence de presse tenue hier à Alger. O. Abdat est installée en France depuis plusieurs années mais son attachement au pays, particulièrement à sa région natale, est tel qu'elle veut le matérialiser par une construction qui réunira à elle seule tout ce qui représente l'identité de l'homme et de la femme kabyles. Un pan entier de l'histoire passée et présente de la Kabylie est en train de se consumer sous l'effet d'une modernité peu commode. Beaucoup de choses disparaissent : le métier à tisser, la poterie, les tenues vestimentaires, les bijoux, le travail de la terre… et même les traditions orales (la poésie kabyle, les contes…). Nostalgique de tout cet univers que beaucoup parmi les générations nouvelles ignorent ou feignent d'ignorer, Ouiza Abdat rêve de ressusciter l'histoire et de perpétuer la tradition. Préserver la mémoire et marier le passé avec le présent. Les anciens ne pourront qu'approuver et y adhérer. L'architecte affirme qu'il y a une forte adhésion de la population locale d'Ifigha à la réalisation de ce projet. Des villageois se sont dits prêts à apporter leurs témoignages, à donner des objets rares laissés par leurs aïeux… et à aider par leur travail physique ou autre. Cela ne pourrait toutefois suffire pour mener à terme un projet aussi ambitieux. Il faut une aide efficace de techniciens, d'ingénieurs, de scientifiques… d'industriels pour des contributions financières et, bien sûr, des autorités locales qui, non seulement, pourraient aider financièrement et par des conseils techniques et autres… mais doivent aussi donner leur accord pour la mise en chantier du projet. Tout cela est encore loin pour le moment. En effet, le projet en est encore au stade embryonnaire. Quelques parties ont exprimé leur désir de se joindre à l'équipe qui compte bien se lancer dans l'aventure… mais il reste beaucoup à faire. L'initiatrice du projet Musée vivant à Ifigha (Muvif) lance un appel pour la fédération des compétences autour de ce projet qui lui tient à cœur. Elle attend beaucoup des techniciens, des scientifiques… et des hommes d'affaire pour le mettre au jour. C'est un projet qui n'est pas seulement culturel mais il a aussi des visées économiques, environnementales et, bien évidemment, touristiques. Pas de politique, insiste la conférencière. «C'est un projet culturel, sans visée politique» dit-elle. En attendant la réalisation de ce musée vivant, l'équipe initiatrice compte lancer un site Web pour une présentation détaillée du projet. K. M.