Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Qui se soucie encore des marques inestimables du passé incrustées dans nos espaces quand le commerce illicite d'objets volumineux d'archéologie fficiellement protégés est monnaie courante alors que des centaines de sites qui racontent à eux seuls la vie très ancienne de l'Afrique du nord attendent toujours d'être sauvés d'une dégradation totale devenue, à ce rythme, presque inéluctable ?Les récits d'abandon, de détérioration et de braconnage dans le domaine sur tout le territoire national sont quasi quotidiens. De Tiddis de l'antique Castellum Tidditanorum, dans la région de Constantine aux innombrables et précieux sites archéologiques abandonnés de Kabylie en passant par les beaux vestiges de l'Oranie et les ksour et foggaras du Sud, les exemples malheureux de trésors historiques et archéologiques délaissés ne manquent pas. A croire qu'une force bien instruite était en train de tout mettre en branle pour effacer la mémoire ! Pour se dédouaner des méfaits causés à ce patrimoine et paraître innocent vis-à-vis de l'opinion et des organismes internationaux et justifier les «retards», on a créé ce «mois annuel du patrimoine». un mois durant lequel on n'omet pas, tellement elles sont énormes, de parler des graves atteintes au patrimoine et de faire des propositions qui ressemellent beaucoup plus à des promesses électorales qu'à une riposte réfléchie au massacre des restes de civilisations antérieures, témoins de la vie des peuples anciens. C'est d'ailleurs cette situation de laisser-aller qui a poussé des militants associatifs à essayer de donner corps à des idées pour la sauvegarde des identités locales. Dans ce sens, l'été dernier, au village d'Ifigha (Azazga), Muvif a vu le jour. Muvif veut dire «musée vivant d'Ifigha», un projet initié par Ouiza Abdat, architecte, qui avait affirmé que ledit projet de nature culturelle est un devoir de mémoire fédérateur vis-à-vis des générations passées et à venir. L'initiatrice a ajouté que parmi ses buts, figure le développement économique via le tourisme dans le respect de l'environnement. C'est peut-être à la vue de la dégradation des traces du passé que Ouiza Abdat a eu l'idée de lancer ce projet. Comment expliquer la perte de vestiges architecturaux dans les zones urbaines et rurales sans raison majeure apparente si ce n'est pour satisfaire les convoitises de quelques personnes ou groupes sans scrupules ?Que devient la rue Abane Ramdane, ex-Beauprêtre, une des fiertés urbaines des Kabyles de la fin du siècle dernier ? Sûrement la plus incroyable réalisation des travaux publics de tous les temps. Le cœur d'une ville dense, capitale régionale ansformée en rien qui attire le public et qui fait fuir les visiteurs infortunés. Il n'y a de place ni pour les automobilistes ni pour les piétons, ni pour les commerçants. A peine arrive-t-on à se frayer un chemin, à respirer les lieux mythiques tels Lqahwa idheballen, café fétiche des troupes folkloriques traditionnelles, qui ont changé de décor et de vocation. Dans d'autres villes et villages, des centaines de fontaines naturelles à l'eau exquise, des bassins d'eau de source ont cédé les lieux au béton. Qui a intérêt à voir disparaître ces pièces à conviction et ces œuvres d'art ?