De notre envoyée spéciale à Djemila Wafia Sifouane Plus qu'une simple chanteuse de raï, une icône pour une jeunesse qui n'aspire qu'à se défouler. Surnommée El Hadja Zahouania, cette raïwoman à la voix rauque a fait voyager la présence loin dans l'ambiance festive rythmée par ses chansons, samedi dernier au théâtre antique de Djemila. Des titres qui s'inscrivent dans le genre raï pur et dur. Elle est la première à passer sur scène, suscitant ainsi une hystérie chez les jeunes qui se sont déplacés en masse pour admirer la belle ainsi qu'un autre nom du raï réservé pour la fin de la soirée. Audacieuse et consciente des attentes du public, l'artiste dès son entrée sur scène démarre le titre Elli tekhdem bel nia, un morceau devenu culte répété en chœur, par l'assistance. Elle chantera par la suite, un best of de ses meilleurs titres classés raï tels que J'en ai marre, Vive la liberté, Oran, Alger, Goulli win tergued, et, finalement, Essebri, essebri. L'ambiance est chaude et le public l'est aussi. Face à Zahouania, faire la fête, c'est permis et les jeunes se lâchent aisément. Au-delà de son succès, cheba Zahouania, se caractérise par une modestie hors pair vis-à-vis de ses fans. Toujours souriante et de bonne humeur, la diva du raï, on peut le dire, mérite bien cet amour porté par le public. La chanteuse fera un passage remarquable avant de céder les planches de Cuicul au chanteur Samir Toumi, venu offrir aux gens de Djemila une initiation au style algérois. Un genre festif qui rassemble plusieurs influences musicales à l'instar du haouzi, de l'andalou et du maghrébin. Ce chanteur, qui est un habitué des lieux, a très vite attiré l'attention du public avec le célèbre titre Chahlet lâayani. L'accueil est moins chaleureux que celui de sa précédente, ce qui le pousse à interpréter des reprises de morceaux connus, histoire de conquérir la foule. Il enchaîne avec Ya el ouama, Nedjma kotbia et Ddour biha ya echibani, pour finir avec un titre puisé dans le terroir maghrébin. Samir s'identifie comme un chanteur de variétés. D'ailleurs, il n'a pas hésité à déclarer aux médias que son programme dépendra du public. La variété est le mot d'ordre de la soirée. Après le raï et l'algérois, c'est au tour du genre staïfi de trôner sur les planches, représenté par le jeune Faycel Rahmani et Hocine Staïfi. Ces deux artistes à la voix singulière ont poussé l'ambiance à l'extrême. La légèreté des titres n'a laissé personne indifférent, poussant ainsi même les plus calmes à exécuter quelques pas de danse mouvementés. Autre grande affiche et ayant vécu une longue traversée du désert, cheba Yamina est la 5e à rejoindre la scène. Malgré sa longue absence, elle n'a rien perdu de son talent. Sa voix est toujours résonnante et son allure est splendide. Accompagnée des danseurs du Ballet national, la chanteuse se plie volontiers aux attentes de son fidèle public. Ce dernier est servi avec de beaux morceaux tirés du répertoire chaoui. Quelques moments de délectation avant de libérer les lieux pour le passage de la star de la soirée, Houari Benchenet, connu pour ses textes propres et sa musique pur raï traditionnel. Il a créé une parfaite symbiose entre lui et ses fans. Ses morceaux sont repris en chœur par les jeunes qui arborent le drapeau algérien depuis le début du concert. Le chanteur offrira une surprise à son public en reprenant le titre de la série El bedra. W. S. Cheba Yamina sort ses griffes Quelques instants avant de rejoindre la scène, la diva chaouie ou cheba Yamina s'est dépêchée de démentir la rumeur qui la concerne. Une certaine rumeur qui rapporte que la chanteuse avait refusé de s'adresser à la presse durant cet événement. «Je suis choquée. Je suis consciente du rôle majeur que détient la presse et je n'oserais jamais faire cela», déclara-t-elle avant de s'étaler sur les raisons de sa longue absence. «C'est vrai que j'ai été absente sur la Télévision algérienne mais je n'ai jamais quitté la scène artistique. J'ai fait face à plein d'obstacles et c'est pour mon public que je suis revenue», dit-elle en ajoutant : «Je dis à ceux qui m'ont écartée qu'avant de s'en prendre à moi, il fallait penser à mon public qui m'apprécie heureusement.»